Les différentes formes de pénibilité au travail : du burn out au bore out, décryptage avec le Dr François Baumann
D’un point de vue juridique, la pénibilité au travail concerne essentiellement ceux qui travaillent de nuit ou dans des conditions d’environnement difficile qui nuit à leur santé physique. Si cela est indéniable, il est également une autre forme de pénibilité qui touche aussi bien notre forme physique que notre santé mentale comme en témoigne le tableau des maladies professionnelles et mal-être lié au travail. Parmi eux, le harcèlement moral et/ou sexuel, le burn out professionnel, et plus récemment le bore out.
Petit rappel : le burn-out est une situation de souffrance au travail liée au surmenage professionnel conduisant à l’épuisement mental et un état dépressif.
Le bore out, quant à lui, est l’exact opposé du burn out. Il provient d’un sentiment d’inutilité au travail qui finit par épuiser et créer une image profondément dégradée de soi-même où le travailleur s’enferme dans le cynisme, l’isolement et l’irritabilité. Naturellement, cela a également des répercussions dans sa vie personnelle. Quid de la pathologie du brown out ?
Le médecin spécialiste de la santé au travail, François Baumann, nous en parle dans son essai consacré au sujet. Le brown out survient quand on mène un travail qui n’a pas, ou plus, de sens. A long terme, cette perte de sens au travail aboutit à une usure psychologique qui rend les collaborateurs dépressifs.
Comme maladie professionnelle, le brown out a ceci de particulier qu’il peut être associé au burn out ou au bore out. Décryptons un peu plus ce phénomène aux côtés du Dr François Baumann, et voyons quelles sont les solutions proposées.
Le brown-out au travail décrypté
Le sentiment d'inutilité au travail
Différents symptômes sont à l’origine du brown out, mais tous tournent autour du manque d’intérêt et de plaisir ressenti pour son travail. Les métiers où le travail est mécanique avec des tâches absurdes et sans intérêt.
C’est le cas typique des « bullshit jobs » ou job à la con, nés avec la bureaucratisation des entreprises, où la qualité du travail ne se mesure plus en fonction de l’intelligence et de la créativité. On fonctionne comme un automate. Sont concernés les emplois dans les ressources humaines, le management, le droit, la finance, la communication etc. Le travail n’intéresse plus et dans ces cas-là, le bore-out ou le burn-out viennent souvent se conjuguer au brown-out.
Les professions à l’origine avec du sens visible, mais dont l’absurdité se révèle dans l’organisation du travail et la priorité accordée à la recherche de profits rend le travail absurde. Sont concernés, les policiers, les professeurs, les journalistes, les médecins, et plus récemment, les infirmières et soignants en EHPAD.
De l'inutilité au reniement de soi
Qu’ont de commun les personnes atteintes de brown-out ? Non seulement, elles se voient confier des missions qui n’ont plus rien à voir avec leur profession initiales (toujours plus de bureaucratie pour les médecins et de réunions administratives pour les profs). Mais en plus, elles se voient empêcher de manifester leurs valeurs et leurs caractéristiques au sein de leur travail. Leur frustration est à l’origine de leur dépression.
Enfin, le brown out est intimement lié à la souffrance éthique, où l’on renie ses valeurs et sa conscience pour se conformer à ceux de l’entreprise. L’exemple classique et facile étant l’ingénieur ayant une conscience écologique qui travaille chez Total.
Pourtant, nous sommes nombreux à considérer le travail comme une source d’accomplissement personnel, comme le rappelle le parcours professionnel de Caroline Sost. Par ailleurs, plus fortes sont nos attentes dans le domaine professionnel (ou ailleurs), plus cruelles sont nos déceptions. Ces personnes entrent alors dans un cercle vicieux, elles perdent le goût et l’envie, ce qui génère un désengagement de leur part et un absentéisme fréquent.
Aucune forme de reconnaissance ne pourrait être assez forte et efficace pour redonner le sens ou l’envie au travail. A moins d’une totale remise en question du poste occupé, le sentiment d’aliénation et d’inauthenticité l’emportera.
Alors quelles sont les solutions pour pallier à cette baisse de courant ?
Même si les organisations syndicales n’évoquent jamais le manque de sens et de valeurs au travail dans les médias, il n’empêche que ce phénomène n’est pas totalement ignoré des managers et des entreprises. Ces dernières veillent désormais à ne pas découper de manière trop importante les tâches, au risque d’entrainer du non-sens et de l’absurdité par l’absence de vision globale.
C’est par la révélation de notre potentiel intime et de ce qui fait les meilleurs aspects de notre personnalité que nous pourrons accéder au plaisir de travailler, et retrouver du sens à ce que nous faisons.
D’autant plus qu’avoir un sens vous garantit un puissant anti-stress naturel, selon les recherches du psychiatre canadien, Jean-Jacques Breton.
Et pour retrouver du sens, je vous invite à vous replonger vous dans les règles de la logothérapie ou alors à découvrir les 7 lois du changement de Max Coignard.
Source : Dr François Baumann « Le Brown-Out. Quand le travail n’a plus aucun sens », Josette Lyon, 2017
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mais il faut dire également que la satisfaction au travail est fonction de nombreux facteurs sur lesquels la gestion des ressources humaines peut agir : La multitude d’expérimentations et de pratiques empiriques en entreprise, s’accordent pour conclure que la satisfaction au travail est basée sur toute une série de conditions de travail favorables : http://www.officiel-prevention.com/formation/formation-continue-a-la-securite/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=139&dossid=464