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Publié le 30/03/2024, mis à jour le 30/10/2024
Podcasts santé
Le périnée et le pelvis, tout ce que vous devez savoir sans tabous !
À la découverte du périnée : rôle et défis d’une structure clé
Plongeons dans le monde souvent méconnu du périnée, une structure anatomique essentielle qui joue un rôle central dans notre bien-être physique et émotionnel.
Dr Bernadette de Gascay, experte renommée en périnatalité et yoga, nous ouvre les portes de l’univers méconnu du périnée. Auteure de “Ce que le périnée dit de notre vécu” chez Albin Michel, elle nous éclaire sur l’importance de cette structure anatomique essentielle, expliquant son rôle dans des fonctions vitales telles que l’élimination, la sexualité, et la reproduction. Elle aborde les défis communs tels que l’incontinence, la constipation, et les prolapsus, tout en soulignant leur impact significatif sur notre santé.
Dans ce podcast, le Dr de Gasquet met en lumière la valeur cruciale du périnée, une région fréquemment sous-estimée, abordant ses différences entre les sexes ainsi que l’effet de nos habitudes de vie et de l’activité physique sur cette zone. Elle traite aussi des impacts des traumatismes et abus sexuels sur le périnée, offrant une approche complète et sensible pour leur traitement.
À quoi sert le périnée ?
Rôle dans l'élimination et la maîtrise
Bernadette de Gasquet : Le périnée a plusieurs fonctions essentielles. Premièrement, il joue un rôle crucial dans l'élimination : nous mangeons, respirons, buvons, et nous devons éliminer les déchets. Bien que la respiration se fasse aussi par la bouche, l'élimination des urines et des selles se fait par le bas, après digestion et assimilation. La deuxième fonction est la maîtrise : il est important de contrôler cette élimination, de ne pas uriner ou déféquer involontairement. Cela implique de maîtriser les sphinctères pour retenir à la fois l'urine et les selles.Importance pour la sexualité et la reproduction
Bernadette de Gasquet : Troisièmement, le périnée est lié à la sexualité et à la sensualité. Il est impliqué dans la reproduction et le plaisir sexuel, ce qui est d'une importance capitale.Différences entre les sexes
Amal Dadolle : Quelles sont les différences entre les hommes et les femmes concernant le périnée ?Anatomie et perception
Bernadette de Gasquet : Il existe de grandes différences. Chez les hommes, beaucoup d'éléments sont externes, ce qui leur permet de percevoir plus facilement certaines réactions, comme la remontée des testicules ou une modification de l'orientation du pénis lors de la contraction du périnée. À l'intérieur, les hommes ont un orifice de moins, le vagin, ce qui n'est pas négligeable, et des organes qui, chez les femmes, sont internes.Implications des différences pour la santé
Bernadette de Gasquet : La principale différence réside dans l'absence d'un espace à travers lequel les organes pourraient descendre, ce qui empêche la descente d'organes chez les hommes. Les hernies, qui entraînent la descente de l'intestin à travers une ouverture, sont un problème comparable mais différent. Amal Dadolle : Comment contracte-t-on son périnée ? Comment le ressent-on ? Bernadette de Gasquet : La contraction du périnée peut être initiée en imaginant un besoin pressant, comme l'envie d'uriner, de retenir un gaz ou d'aller à la selle, quand ce n'est pas le moment approprié. Tout le monde a déjà fait cette expérience. Il s'agit de retenir réellement, et je recommande de le faire en position assise pour une meilleure perception. Bien que le travail sur le périnée soit souvent associé aux examens gynécologiques ou à la rééducation, s'entraîner en étant assis sur une chaise permet de distinguer clairement la sensation de retenue.Dysfonctions courantes et leur impact sur la santé
Amal Dadolle : Quelles sont les dysfonctions courantes du périnée ?Incontinence et problèmes de vessie
Bernadette de Gasquet : Lorsque l'on parle de problèmes de périnée, l'incontinence vient immédiatement à l'esprit, car elle est souvent associée à une perte de maîtrise. Cependant, l'incontinence peut être due à des problèmes du périnée ou de la vessie. Si la vessie est trop contractile et se contracte violemment, le problème réside dans la vessie, et non dans le périnée.La constipation et ses effets
Bernadette de Gasquet : Outre l'incontinence, la constipation représente un problème majeur souvent négligé. Il est crucial de vider complètement la vessie à chaque miction pour éviter les résidus, qui peuvent entraîner d'autres complications. Concernant la miction, c'est la vessie qui se contracte pour expulser le liquide. Située dans l'abdomen, elle est reliée par un canal, dont la longueur varie significativement entre les hommes et les femmes, ce qui constitue une différence majeure. Il n'est pas commun de rencontrer des cas d'incontinence urinaire chez l'homme en l'absence d'intervention chirurgicale ou de traitement par irradiation. En revanche, chez les femmes, l'incontinence peut survenir très tôt en raison de la nature souple de la vessie, qui est comme une poche pleine de liquide. La pression sur cette poche, même légère, peut entraîner une fuite, d'autant plus que le sphincter est relativement court. Chez l'homme, l'urètre est beaucoup plus long et il n'y a pas d'espace vide, ce qui permet de mieux contenir les fluides. En ce qui concerne le rectum, situé au-dessus du périnée, il est plus facile de retenir les solides grâce à des "coudes" dans le canal, comparativement aux liquides. Amal Dadolle : Vous avez précédemment associé le périnée à la constipation. Quel est le lien ? Bernadette de Gasquet : Il est important de vider régulièrement le rectum, qui repose sur le périnée, pour éviter de créer une pression constante non physiologique sur celui-ci. Lorsque nous retenons, nous activons principalement le muscle pubo-rectal, responsable de la rétention. Ce muscle, ainsi que d'autres muscles du périnée, peut s'épuiser s'il est constamment sollicité par le poids des selles. La constipation, en particulier chez les femmes, entraîne une pression vers le bas, pas seulement sur les selles, mais sur l'ensemble du contenu abdominal, ce qui endommage le périnée situé en dessous.Stratégies pour renforcer et protéger le périnée
Amal Dadolle : Comment peut-on repérer et améliorer la fonction du périnée ?Prise de conscience et diagnostic
Bernadette de Gasquet : Il est essentiel de commencer par prendre conscience de son périnée. Bien qu'il soit possible de le faire seul, une consultation professionnelle peut s'avérer utile. J'ai dirigé pendant dix ans une consultation dédiée aux problèmes de périnée à la maternité des Bleuets, la première de ce type en France. Beaucoup de sages-femmes sont spécialisées dans ce domaine et peuvent fournir une assistance précieuse, car il n'est pas toujours facile de localiser et d'exercer correctement ces muscles sans guidance. Je regrette que l'évaluation du périnée ne soit pas systématique lors des examens médicaux, en particulier avant de pratiquer une activité sportive. Amal Dadolle : Lors d'une conversation, une amie de 40 ans, sans enfants, m'a confié ressentir une faiblesse périnéale, surtout lorsqu'elle rit. Quelles sont les conséquences du rire et du vomissement sur le périnée ? Bernadette de Gasquet : Le rire, contrairement à l'incontinence d'effort causée par la toux, le saut ou la course, qui appliquent directement une pression sur le périnée, est un cas à part. Il affecte tout le monde, y compris les hommes et ceux sans problèmes de périnée, en provoquant une contraction du diaphragme et une potentielle réduction de l'oxygénation cérébrale, ce qui peut induire une contraction plus forte du périnée. Quant au vomissement, il engendre une forte pression dans l'abdomen, poussant le diaphragme vers le haut pour expulser le contenu de l'estomac. Cette action augmente la pression sur la vessie et le rectum, surtout s'ils sont pleins, entraînant une détente du périnée pour faciliter l'expulsion.Effets de la grossesse sur le périnée et conseils pour le post-partum
Amal Dadolle : Quelles sont les implications de la grossesse sur le périnée et les défis post-partum ? Bernadette de Gasquet : La première implication est hormonale, entraînant une détente musculaire qui permet à l'utérus de s'agrandir jusqu'à 40 fois sa taille et aux abdominaux de s'étirer de 15 cm. Sans cette détente, il serait impossible d'accueillir un bébé. Ainsi, les hormones et le poids supplémentaire représentent un défi considérable, surtout pour les femmes qui prennent jusqu'à 20 kg pendant leur grossesse. Cette prise de poids entraîne inévitablement des pressions et compressions qui affectent la circulation, mais aussi le périnée. Durant la grossesse, nous pouvons commencer à ressentir des faiblesses et à prendre conscience des zones sous pression. Cela nous amène à apprendre à protéger notre périnée en anticipant et en contractant adéquatement avant tout effort, surtout lors des éternuements. Amal Dadolle : Et avant l'accouchement, comment gérer ces pressions ? Bernadette de Gasquet : Il est essentiel de gérer la pression en retenant son souffle avant d'expirer. Certains peuvent craindre que cela affecte l'accouchement, mais il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Le corps est conçu pour pousser le bébé lors de l'accouchement avec une force considérable, et le périnée se relâchera naturellement. S'entraîner à contracter le périnée pour prévenir les fuites urinaires n'empêchera pas ce processus.Problèmes périnéaux spécifiques aux hommes et impact de la sédentarité
Amal Dadolle : Qu'en est-il des problèmes périnéaux chez les hommes, notamment en relation avec la prostate ? Bernadette de Gasquet : Contrairement à une croyance répandue, le périnée concerne aussi les hommes. Les problèmes périnéaux chez les hommes peuvent inclure des hémorroïdes, des troubles sexuels comme des problèmes d'érection, et l'encoprésie, qui est la perte involontaire de selles. Avec l'âge, l'élargissement de la prostate peut entraîner des difficultés à uriner correctement, nécessitant parfois une intervention chirurgicale qui peut affecter la continence. Amal Dadolle : En quoi la sédentarité affecte-t-elle le périnée ? Bernadette de Gasquet : La sédentarité, et plus précisément le fait de rester assis de manière incorrecte, peut être néfaste pour le périnée. Une mauvaise posture assise entraîne un relâchement des muscles et une pression accrue vers le bas. Être bien assis implique de maintenir une bonne posture, sans s'appuyer sur le dossier de la chaise et en évitant de croiser les jambes, ce qui peut déséquilibrer le bassin. Le fait de croiser toujours les jambes du même côté peut entraîner des déséquilibres et des problèmes posturaux. Les femmes, en particulier, croisent souvent les jambes parce que beaucoup de chaises sont trop hautes, provoquant une inclinaison du bassin. Pour être bien assis, il faut éviter de plier le dos au milieu, cherchant à imiter la posture naturelle et droite d'un bébé assis.Exercices et ajustements posturaux
Amal Dadolle : Aujourd'hui, alors, comment fait-on ce travail ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire ? Croiser les jambes, ne pas s'appuyer sur le dossier de la chaise, mais alors, qu'est-ce qu'on fait ? Ça veut dire quoi, bien être assis ? Bernadette de Gasquet : C'est simple. Si on est assis avec une chaise et une table, c'est assez facile. Venez vous pencher légèrement vers l'avant, vers la table. Une image que j'apprécie particulièrement est de vous imaginer vous pencher en avant, comme si vous étiez au balcon, appuyé sur la table. Vous constaterez que votre dos se maintient tout seul, car vous êtes appuyé à l'avant et non à l'arrière, et il reste droit. Il est parfois nécessaire d'ajuster la hauteur de l'assise ou celle de la table. Utiliser des accessoires, comme des ballons d'exercice, peut aider à se positionner correctement. Il est préférable de s'appuyer vers l'avant plutôt que vers l'arrière, et d'imaginer porter quelque chose sur la tête pour ne pas s'affaisser sous son poids. Au début, cela peut sembler difficile, mais en renforçant le tonus musculaire, notamment les muscles profonds, vous pourrez maintenir cette posture sans tension pendant des heures, que vous soyez assis par terre ou sur une chaise.Exercices bénéfiques vs. activités à risque pour le périnée
Amal Dadolle : Quels sont les exercices ou les sports qui aident à améliorer le tonus intérieur de ce fameux périnée ? Bernadette de Gasquet : La première chose est de ne pas exercer de pression vers le bas. Il s'agit de s'élancer vers le haut, de se grandir. Tout ce qui favorise l'extension aide à soulager le périnée. Il ne faut pas confondre les fuites occasionnelles, qui peuvent survenir chez quelqu'un pratiquant le tennis ou le volley lors d'un service ou d'un coup puissant, avec une faiblesse du périnée. Ces fuites sont le signe d'une pression abdominale importante et non nécessairement d'une faiblesse du périnée. Amal Dadolle : Quelles activités sont néfastes et peuvent favoriser, par exemple, la descente d'organes ? Bernadette de Gasquet : Toute activité qui exerce une pression vers le bas, réduisant l'espace abdominal et thoracique, augmente la pression interne et pousse vers le bas. Les sports à impact peuvent provoquer des fuites, mais cela ne signifie pas forcément que le périnée est affaibli. Encore une fois, les fuites indiquent une pression et non une faiblesse. Amal Dadolle : Quels sont les signes d'un périnée affaibli ? Bernadette de Gasquet : C'est surtout une sensation de lourdeur, une absence de réaction lors de la contraction. Cela peut aussi indiquer que le périnée est dans une position où il ne peut plus se contracter correctement, souvent dû à une pression constante ou à une position verrouillée. Amal Dadolle : Alors, c'est quoi le "pipi-stop" ? Bernadette de Gasquet : Le "pipi-stop" est un test, bien que nous ayons réalisé qu'il était contre-intuitif de l'utiliser fréquemment, car il empêche la vessie de se vider correctement. Cependant, c'est un bon indicateur pour évaluer la réactivité du périnée. Ce n'est pas un exercice à pratiquer régulièrement, mais plutôt un test pour mesurer la capacité de contraction du périnée.L'importance de la prise en charge après des traumatismes
Amal Dadolle : Vous mentionnez dans votre livre que les troubles du périnée n'ont pas toujours une origine physique, mais peuvent aussi refléter des traumatismes profonds et insidieux. Comment les expériences d'abus sexuels et les traumatismes influencent-ils les problèmes de santé tels que les troubles périnéaux, les problèmes digestifs et les troubles sexuels ?Impact des traumatismes et abus sexuels
Bernadette de Gasquet : Ce que j'ai tenté d'expliquer dans mon livre, c'est qu'il est évident pour tout le monde qu'un viol, particulièrement violent, laissera des séquelles. Toutefois, je voulais souligner l'existence de traumatismes plus subtils et non identifiés comme des agressions sexuelles, qui peuvent également avoir un impact profond. Je cite l'exemple d'un enfant, fils de restaurateurs, qui, dormant au-dessus du restaurant, fut réveillé plusieurs fois par les bruits d'un couple ayant des relations sexuelles bruyantes. Cet événement l'a profondément perturbé, associant inconsciemment l'amour à la douleur et à la torture, bien qu'il n'ait lui-même subi aucune agression physique. C'est un exemple extrême, mais il illustre que les traumatismes peuvent être divers et affecter la santé périnéale et sexuelle de manières inattendues. Cela concerne un grand nombre de personnes et mérite d'être mieux compris et identifié.Approches thérapeutiques sensibles
Amal Dadolle : Quels sont les défis et les stratégies pour examiner et traiter efficacement les problèmes du périnée ? Bernadette de Gasquet : Il est crucial d'observer la réaction de la patiente durant l'examen. Une grande gêne ou, à l'opposé, une indifférence marquée peuvent être révélatrices. La manière dont une femme réagit à l'examen, qu'elle le trouve trop normal ou au contraire inacceptable, offre des indices sur son vécu et son rapport à son corps. L'histoire de la patiente, ses symptômes depuis l'enfance comme la constipation chronique, et son comportement durant les consultations sont autant d'éléments à prendre en compte. Il est essentiel de créer un espace de dialogue où la patiente se sent en sécurité pour partager ses expériences, sans se sentir obligée de subir un examen si elle n'est pas prête. Parfois, changer la position durant l'examen peut aider, car certaines positions peuvent être moins traumatisantes et évoquer des souvenirs moins douloureux. Il est également important de commencer par souligner les aspects positifs, de dédramatiser l'examen et de valoriser la patiente, en lui montrant ce qui va bien avant d'aborder les problèmes. Adopter une approche positive, encourager la patiente à se détacher un peu de son obsession pour le périnée et explorer d'autres formes d'exercice peut être bénéfique. Travailler ensemble, en partenariat, permet de renforcer la confiance et d'aborder les soins du périnée de manière constructive et empathique.Prévalence et gestion des descentes d'organes chez les femmes
Amal Dadolle : À partir de quel âge les descentes d'organes apparaissent-elles, et quels sont les profils de femmes concernées ? Bernadette de Gasquet : Les descentes d'organes peuvent commencer très tôt. Par exemple, l'urètre peut descendre dès la petite enfance, surtout si l'enfant est très constipé, entraînant des fuites. Les descentes d'organes sont plus fréquentes après un accouchement, surtout si la femme reprend trop vite les activités ou pratique des sports intenses. Amal Dadolle : Peut-on inverser la tendance ? Bernadette de Gasquet : Il est possible de récupérer, selon le stade de la descente, par une approche pluridisciplinaire. Les femmes hyperlaxes, ayant des ligaments très souples, sont plus à risque. Hormonalement, certaines conditions peuvent également augmenter le risque de descente d'organes. Amal Dadolle : Quels sont les effets à long terme des abus non reconnus ou non nommés sur les victimes ? Bernadette de Gasquet : Sur le plan physique, les abus peuvent entraîner des constipations sévères, des problèmes digestifs, des douleurs abdominales et même des crises de panique. Le stress post-traumatique peut se manifester bien des années après l'événement traumatisant, affectant profondément le bien-être émotionnel et les interactions sociales des victimes.Impact transgénérationnel des abus et le rôle de l'épigénétique
Amal Dadolle : Dans votre livre, vous évoquez que l'abus subi dans la petite enfance peut non seulement causer des dommages organiques irréversibles mais aussi modifier l'ADN, entraînant des conséquences transgénérationnelles. Pouvez-vous expliquer ? Bernadette de Gasquet : Effectivement, ces dommages peuvent sembler irréversibles, mais l'épigénétique offre un espoir de briser cette chaîne. Il est possible de travailler sur ces aspects et de prévenir la transmission de ces vulnérabilités aux générations suivantes. Amal Dadolle : Quelle est la responsabilité des professionnels de santé dans la reconnaissance et la prévention des séquelles d'abus ? Bernadette de Gasquet : Il est essentiel que les professionnels de santé se questionnent sur leur propre parcours et motivations. Mon livre s'adresse aussi à eux, les encourageant à réfléchir sur leur pratique et, si nécessaire, à entreprendre un travail sur eux-mêmes pour mieux accompagner leurs patients. Amal Dadolle : Comment les thérapeutes, eux-mêmes victimes d'abus non résolus, peuvent-ils affecter leur capacité à aider les patients ? Bernadette de Gasquet : Les thérapeutes doivent être conscients de leurs propres blessures pour maintenir une relation thérapeutique saine avec leurs patients. Parfois, cela signifie passer la main à un collègue ou entamer un parcours thérapeutique personnel pour ne pas laisser leurs propres traumas interférer avec le soin apporté aux patients.Motivations et objectifs derrière la publication du livre sur le périnée
Amal Dadolle : Docteur de Gasquet, pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Bernadette de Gasquet : J'ai écrit ce livre en me basant sur ma pratique. En 2003, j'avais déjà publié un ouvrage sur l'abus sexuel, une période où je rencontrais de nombreuses femmes dans mon exercice professionnel. Je savais que l'abus était au cœur de leurs problèmes et qu'il était crucial qu'elles prennent en charge cette question pour avancer. Cependant, ce livre, intitulé « L'enfant s'abuse, la mort dans l'âme », est sorti trop tôt, à une époque où le sujet était encore tabou et où internet n'était pas aussi répandu qu'aujourd'hui. Acheter ce livre en librairie posait un véritable défi, car il fallait le faire face à un caissier, ce qui pouvait être intimidant. À cette époque, parler d'abus sexuel était encore très tabou. Aujourd'hui, bien que le sujet soit plus ouvert et qu'on en parle davantage, les discussions tournent souvent autour de témoignages personnels sur la manière de surmonter ces épreuves. Mon intention avec ce nouveau livre n'était pas de répéter ce genre de témoignages, mais plutôt d'offrir un regard neuf sur le problème, parfois non identifié ou reconnu par les victimes elles-mêmes. Mon objectif était d'adresser ce livre à la fois aux patients et aux thérapeutes. Il s'agit de signaler que si une approche thérapeutique ne fonctionne pas, il pourrait être utile de chercher ailleurs. Le moment me semble approprié pour aborder ce sujet de manière plus formelle. J'espère que ce livre sera utile et accessible tant aux individus affectés qu'aux professionnels, favorisant ainsi une collaboration efficace entre eux. C'est pour cela que j'ai décidé d'expliquer comment les choses fonctionnent et pourquoi parfois elles ne fonctionnent pas, afin que chacun puisse mieux comprendre et agir. Ce livre s'adresse également aux thérapeutes, dans l'espoir de faciliter leur travail avec les patients.Must read : Bernadette de Gasquet "Ce que le périnée dit de notre vécu” chez Albin Michel
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Publié le 30/03/2024, mis à jour le 30/10/2024