Le mot zen est devenu à la mode aujourd’hui : je suis zen, soyons zen, restez zen… Autant de façons d’exprimer le besoin d’un certain calme, une sérénité à trouver ou à retrouver dans l’agitation de la vie quotidienne…Il se confond avec l’idée d’un état paisible, de relaxation concentrée.
Chansons, publicités et toutes les formes d’art s’en sont emparées et en ont fait le symbole de la paix intérieure. En cela, le mot n’a pas été détourné de son sens, car il vient du Japon et il signifie “méditation”. Et il a une longue histoire.
Tout cela remonte à un personnage historique qui vécut en Inde il y a environ 2500 ans et qu’on appelle Gautama, le Bouddha, l’Éveillé.
L’histoire du Bouddha
Fils de prince vivant dans le luxe et les plaisirs, il décida un jour, après avoir rencontré la mort, la maladie, la misère et un moine errant, de partir en quête du sens de la vie. Il abandonna donc les fastes de son existence pour devenir un ascète chercheur de vérité : il rencontra divers maîtres de sagesse auprès desquels il apprit des théories philosophiques ainsi que des techniques de yoga pour discipliner son corps et son esprit.
Mais après avoir étudié avec chacun d’entre eux, il se disait : ” J’ai appris avec cet instructeur une partie de la vérité, mais il ne la détient pas toute.” Lassé de ses pérégrinations, il décida donc de s’enfermer dans une grotte et de se lancer dans une grande méditation pour enfin percer le secret de la raison d’être de la vie. Là encore il échoua et, plutôt que de mourir comme un chien au fond de son trou, il redescendit dans la vallée et, à demi-mort, s’adossa contre un grand arbre.
La recherche de l’équilibre
Dans le bosquet voisin vint s’installer un professeur de musique avec ses jeunes élèves, qui leur dit : “La première chose à savoir concerne l’instrument. Si les cordes de celui-ci sont trop tendues, le son sera discordant, si les cordes sont trop lâches, le son sera mou : pour créer de la bonne musique et des son justes, il faut que les cordes soit bien accordées entre elles !”
Et là, Gautama eut une révélation en comprenant que cette histoire était aussi la sienne ! Dans sa vie de prince, il menait une existence trop molle, puis dans sa vie d’ascète soumise à de multiples austérités, une vie trop dure jusqu’à risquer de mourir, et tout cela sans vrai résultat :
il comprit alors qu’une existence juste ne pouvait se trouver que dans l’équilibre des énergies et l’harmonie de l’être.
L’histoire du Bouddha connut bien d’autres péripéties et éveils, mais, à partir de cette prise de conscience-là, on peut vraiment dire que naquit ce que le Bouddha appela la Voie du milieu, qui devint le bouddhisme.
le voyage intérieur
Durant toute la suite de sa vie, qui fut consacrée à l’enseignement de la sagesse, le Bouddha conseilla à ses disciples une forme de méditation assise qui aide à retrouver le calme et l’équilibre en soi : assis sur un coussin dur, le dos droit, attentif à sa respiration (“Quand j’inspire, je sais que j’inspire, quand j’expire, je sais que j’expire”, disait-il), on regarde ses pensées défiler devant soi comme des nuages dans le ciel ou, si vous préférez, comme des images de télévision.
On regarde son propre cinéma intérieur et, le regardant, on s’en détache, on n’est plus acteur, on devient spectateur de sa propre agitation : ce simple processus amène peu à peu un grand calme intérieur qui permet de reprendre ensuite le cours de son existence de façon apaisée et non plus énervée et de considérer les événements de la vie avec un oeil neuf et une énergie renouvelée.
Le bouddhisme se répandit au fil des siècles dans toute l’Asie du sud puis du nord, il passa en Chine au VIe siècle de notre ère où il devint le Ch’an, puis au Japon où il devint le zen.
Source : Sagesse et malice du Zen de Marc de Smedt et Jochen Gerner, éditions Albin Michel
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