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Publié le 26/04/2018, mis à jour le 15/12/2022
Conseils philosophiques
La sagesse des loups révélée aux hommes
Le grand méchant loup serait-il un mythe?
Le loup nous fascine autant qu’il nous repousse. Il a longtemps fait partie de nos contes et légendes, avec ses grandes dents et ses mauvaises intentions.
Aujourd’hui, on le réintroduit dans notre réel en le réinvitant à vivre à côté de nous, dans les forêts. Non sans la colère de certains éleveurs inquiets pour leur bétail.
Nous vous proposons aujourd’hui d’en savoir plus sur le loup et d’apprendre à le connaitre à travers Elli H. Radinger, une spécialiste allemande des loups. Une «accro» comme elle se définit elle-même.
Pendant plus de 30 ans, Elli Radinger a étudié les loups dans leur milieu naturel, à l’état sauvage dans le parc de Yellowstone. Elle a pu en apprendre ainsi plus sur leur comportement social. Ses conclusions quant à la nature même du loup sauvage n’ont rien à voir avec ce que nous nous sommes longtemps imaginé.
Contre toute attente, le loup est très proche de nous dans son comportement. Bien plus proches que ne le sont les singes, mais pas autant que les primates avec lesquels nous partageons 96% de patrimoine génétique.
Selon Elli Radinger, nous devrions parfois prendre exemple sur les loups, leur style de vie et leur approche de celle-ci ne manquant pas de sagesse.
Mais avant de les aborder, revenons sur quelques idées reçues qui ont longtemps fait du tort à notre ami le loup.
Quelles sont les idées reçues sur les loups?
Un animal solitaire et sanguinaire
Pendant très longtemps, on pensait que le loup était un animal solitaire. Il se regroupait avec quelques-uns de ses congénères qu’en période d’hiver pour chasser le gibier en meute. Or, on sait maintenant que le loup est un animal fondamentalement social. La grande majorité d’entre eux vivent en meute, qui n’est rien d’autre qu’une famille. Une meute de loups se forme quand un loup et une louve décident de se mettre ensemble et de faire des petits. Eux-mêmes et leurs louveteaux de plusieurs portées seront les membres de la meute. Si la meute s’avère être prospère et nombreuse, certains des louveteaux devenus adultes partiront de la meute pour former la leur. Pour éviter la consanguinité, il est aussi possible que la meute adopte un «gendre » ou une «belle-fille » solitaire qui avait quitté leur meute d’origine. Aujourd’hui, pour désigner les chefs de la meute, le concept de loup alpha ou de louve alpha est largement dépassé. Dorénavant, les chercheurs les appellent les «parents» ou le «couple dominant». De fait, il n’existe donc pas de loup alpha et de loup oméga en liberté. La notion de loup alpha nous vient des études portées sur l’observation du loup en réserve. Or ces observations sont biaisées, car le comportement d’un loup en réserve est différent de celui d’un loup sauvage.Loups sauvages vs loups en réserve
Contrairement aux loups en réserves, les loups sauvages ne se disputent pas et ne se battent que très rarement pour la position de chef. Ce qui n’est pas le cas dans les enclos où l’espace est réduit. Les loups entrent alors en compétition les uns avec les autres. Une hiérarchie s’installe avec en haut de la chaîne, le loup le plus affirmé, qui se sert le premier dans la gamelle. Au bout de la chaîne, le loup dit «oméga» subit les brimades et autres agressivités des autres loups. Quelque part, le comportement d’un loup enfermé change autant que celui d’un homme en prison. Par ailleurs, chez les loups, la position de chef n’est en rien synonyme d’agressivité. Ce n’est pas forcément le plus grand et le plus fort qui conduit les autres lors d’une chasse ou d’un déplacement. Ce sont les circonstances qui décident de qui prendra les rênes. Ainsi, en fonction de la situation et de ses capacités, n’importe quel loup de la meute peut prendre provisoirement la tête des opérations. En terrain familier, cela peut même être un jeune loup, et le loup dominant ne sent pas son statut remis en question. Nous sommes donc loin de la bête sanguinaire et sauvage qui ne s’occupe que de sa panse. Pour nous apporter encore plus de reliefs sur ce superbe animal, Elli H. Radinger nous a rapporté un secret connu des seuls les spécialistes. À savoir l’amitié entre les loups et les corbeaux.Comment expliquer l’amitié entre les loups et les corbeaux?
Bernd Heinrich, un spécialiste des corbeaux l’explique très facilement. Comme le loup, le corbeau est un animal social. De plus, ils ont eu besoin de l’un de l’autre pour survivre plus facilement dans la nature. L’entraide fait partie de la loi de la jungle. Quand les corbeaux repèrent un cadavre de gibier, ils ne peuvent généralement pas en profiter. Leurs becs ne sont pas assez solides ou tranchants pour venir à bout de l’épaisseur du pelage et de la peau. Ils ont besoin de dents et de mâchoires solides. Pour ce faire, ils ont appris à s’appuyer sur les loups. Ils croissent pour les appele. Et les loups reconnaissent très bien les cris des corbeaux signalant l’heure de la cantine. Cela fait des millions d’années que ce partenariat loup-corbeau fonctionne. Les deux espèces en sont devenues inséparables. Là où se trouve une meute de loups se trouve également son clan de corbeaux. Les louveteaux sont ainsi habitués à la présence de ces drôles d’oiseaux taquins qui viennent jouer avec eux ou leur voler un bout de viande. Enfin, les corbeaux font office d’aspirateurs de la tanière en se nourrissant des crottes des louveteaux. Ou en récupérant dans les débris de celles des adultes ce qui leur convient. Des loups et des corbeaux. Qui l’aurait cru? Que des animaux, aussi différents décident d’unir leurs forces et leurs destins, est déjà en soi une première preuve de sagesse. Et ce n’est pas la seule. En tant qu’animal social, le loup sait très bien s’occuper des siens.Comment se comporter avec les siens selon les loups?
Prendre soin des petits
Les louveteaux sont le précieux trésor des loups. Ils sont protégés, choyés et aimés, non seulement par les parents mais aussi les frères et sœurs aînés, et les oncles et tantes. Tout le monde est aux petits soins pour les tout-petits, et ils ont une éducation très permissive. Rien ne leur est refusé, mais ils doivent néanmoins apprendre à vivre avec les règles de la communauté. Au sein d’une meute de loup de la forêt de Yellowstone, Elli Radinger rapporte l’anecdote suivante qui en dit long sur l’éducation lupine. Alors que le groupe marchait, un louveteau était toujours en retard, trop occupé à renifler un arbre ou à jouer avec une pomme de pin. Patients, le reste des loups l’attendaient à plusieurs reprises. Jusqu’à la fois de trop, où ils ne l’attendirent pas. Quand le petit s’en aperçut, il les appela, terrifié de se retrouver tout seul. Sa famille le fit attendre jusqu’au soir avant de se montrer. Mis devant les conséquences que peuvent enduire ses actes, le louveteau comprit la leçon et ne les fit plus attendre. L’éducation des louveteaux concernant aussi bien les mâles que les femelles, cela constitue une des distinctions que les loups ont avec les singes. Hormis le bonobo qui s’occupe des petits pour plaire aux femelles, aucun singe ne s’occupe des petits. Pas plus qu’ils ne s’occupent des vieux singes, contrairement aux loups, à nouveau.Prendre soin des aînés
La vie d’un loup est rude, et au fil des années, beaucoup d’entre eux ont une dentition usée ou de nombreuses blessures. On pourrait croire que le reste de la meute les voit comme des boulets et décident de s’en séparer. Or il n’en est rien. Les vieux loups sont traités avec grands soins par les plus jeunes. Tout comme les blessés de chasse ou d’affrontement avec une autre meute. Elli Radinger rapporte avoir vu des loups régurgiter de la viande prédigérée pour un vieux loup qui n’avaient pratiquement plus de dent. S’ils sont aussi respectés, c’est parce que les loups sont aussi bien conscients de la force de la nature que représente un vieux loup. C’est un survivant avec une grande expérience professionnelle de la chasse et de la stratégie. Statistiquement, une famille de loup avec un ancien loup a 150 % en plus de chances d’attraper une proie. Notre accro des loups raconte l’ingénieuse stratégie d’un vieux loup d’une meute ayant pris en chasse une bisonne qui boitait. Il commença par la fatiguer. Puis il s’accrocha à sa queue en se laissant trainer de tout son poids, ce qui permit aux autres loups d’en venir à bout. La meute récolta ainsi 500 kg de viande grâce à la ruse du vieux loup. Les vieux loups sont traités avec grands soins par les plus jeunes. Tout comme les blessés de chasse ou d’affrontement avec une autre meute. Plus encore que l’esprit familial et social, la résilience est un art parfaitement maîtriser chez les loups.Comment apprendre la résilience grâce aux loups?
Ne jamais baisser les bras
Le taux d’échec des loups à la chasse est de 80 %. Contrairement aux lions, aux tigres ou aux guépards, les morsures des loups ne sont pas mortelles. Ils ne possèdent pas de puissantes mâchoires ou de puissantes pâtes aux griffes rétractables. La vie est donc loin d’être facile pour les loups, l’échec est leur quotidien, pourtant ils n’abandonnent jamais. En partie parce qu’ils n’ont pas le choix, mais également parce qu’ils ne vivent pas leur échec comme une humiliation personnelle. Mieux, ils se moquent de réussir du premier coup, que cela soit pour attaquer une meute adverse pour un territoire ou chasser un gibier. Ainsi bien souvent, avant de passer à l’action, les loups prennent leur temps, ce qui est une preuve de sagesse. Quand la vie est compliquée, prendre son temps et soupeser les solutions pour prendre une décision est souvent payant. Enfin, quand le loup manque de viande, il sait s’adapter en faisant varier les contenus de son assiette en fonction de son environnement. Et il s’avère que ce n’est pas un carnivore exclusif, certains loups raffolant des courges. Ailleurs, dans les grandes forêts du Nord du Canada, le loup se nourrit de tête de saumon.Ne jamais cesser de jouer
Le jeu est une méthode pratique de communication entre les louveteaux et les loups. Les plus jeunes entraînent souvent les adultes, qui se laissent volontiers faire. Au jeu de combat, le père dominant laisse souvent les jeunes gagner. En échangeant leur rôle «social » et en les apprenant à rester fair-play les louveteaux apprennent la coopération, la loyauté et le self-control. Un louveteau trop brutal dans un jeu sera vite délaissé par ses camarades. Mais le jeu des loups ne se limite pas à se bagarrer entre eux. L’un de leur sport favori est de briser la glace des cours d’eau ou de glisser dessus ensemble. Leur péché mignon? Dénicher des affaires d’humains sur lesquels ils sautent, se roulent dessus et déchiquettent à grande joie. Quel que soit l’âge d’un loup, le louveteau ne semble jamais être parti quand il s’agit de jouer. Et, ils ont bien raison, savoir jouer et ne pas se prendre au sérieux est un excellent principe de bien-être.Pour aller plus loin : Elli H. Radinger, « La sagesse des loups », Guy Trédaniel, 2018
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