Pour penser l’éducation de demain, nous vous avions présenté Caroline Sost, fondatrice de la Living School. A cette occasion, nous vous annoncions la sortie prochaine de son livre. C’est chose faite ! « S’épanouir à l’école » est maintenant disponible dans votre librairie.
Dans son livre, Caroline Sost distille les principes pédagogiques et les méthodes de la Living School, dont au centre le savoir-être, car selon elle :
« un repositionnement autour du savoir-être engendre des changements exponentiels au niveau des savoir-faire ».
Le savoir-être comprend l’intelligence émotionnelle, la conscience et la maîtrise de soi, l’empathie et les compétences sociales. En tant que parents, quelles clés pédagogiques de la Living School pouvons-nous piocher pour inculquer le savoir-être à nos enfants ?
Sortir des jugements de valeur
C’est l’évidence même, tout ce qui est critique négative ou condamnation détériorent l’image de soi des enfants et bloquent leurs potentiels. Ce n’est pas sous pression ou dans le doute qu’un enfant réalise son potentiel. Pas même un adulte d’ailleurs. Si je suis intimement convaincue d’être nulle, comment me faire confiance ? Il est donc primordial de sortir des vieux réflexes et d’en adopter de nouveau, consistant à souligner les réussites et qualités de l’enfant. Même quand il s’agit juste de débarrasser la table ou réussir sa dictée. Pour sortir des jugements de valeur, voici ce que préconise Caroline Sost :
« Le regard est toujours porté sur « ce qu’il manque », portez le sur « ce qui est (là) ».
Vous pouvez apporter du poids à vos propos en adoptant le cahier de réussite où les enfants écrivent leurs succès, ou le bol de bille à remplir pour marquer chaque réussite ou bonne action.
Donner le droit à l’erreur
C’est indispensable, d’autant plus qu’il est normal que toute première victoire soit précédée de plusieurs échecs. Il est nécessaire que les enfants ne redoutent pas l’échec, au risque qu’ils se dévalorisent ou étouffent leur curiosité et leur envie. La peur est mauvaise éducatrice comme mauvaise conseillère. En invitant votre enfant à l’erreur, il se sentira légitime d’oser, et vous renforcerez du même coup sa sécurité intérieure. Mais attention. En tant que parents, il est important que vous montriez l’exemple. Et entre ce que vous dites et ce que vous faites, vous pouvez être sûrs que vous ne duperez pas vos enfants.
« Ce qui compte, pour [l’enfant] ce n’est pas ce que vous lui dites, c’est ce que vous êtes et c’est ce que vous faites ». Ainsi « plus vous lâchez prise sur vous-mêmes, plus vous accepterez de faire des erreurs, plus votre enfant acceptera d’en faire à son tour ».
Gérer l’égo
Quand la moutarde vous monte au nez ou que vous voyez pointer une crise chez l’enfant, comment faire redescendre la pression ? Sourcils froncés, voix qui monte, un raidissement de la nuque, le langage corporel nous dit tout de notre état d’esprit dans l’immédiat. Apprenez à reconnaitre les signes indicateurs d’un ego en train de monter, chez l’enfant comme chez vous.
Pour mieux introduire la notion d’ego auprès de vos enfants, reprenez les notions de crocodile et de grand trésor présents dans la pédagogie de la Living School. Petit rappel : le grand trésor représente le potentiel présent en chacun de nous, et le crocodile est notre ego réveillé par la frustration ou la contrariété.
Afin de mieux gérer les conflits d’ego à la maison, appropriez-vous des stratégies pour recentrer les crocodiles : des exercices de respiration, des étirements, des massages, méditer, dessiner, passer le relai à son conjoint, sortir courir. Vous pouvez aussi jouer avec vos enfants à un exercice pratiqué par les élèves de la Living School et qui consiste à apprendre à mieux reconnaitre son crocodile. Il s’agit de le mimer en surjouant. Faites ensuite deux pas de côté et mimez-vous quand vous êtes heureux et épanoui. Là aussi en exagérant vos traits.
Développer des relations harmonieuses
Comment développer des relations harmonieuses entre frères et sœurs sans que vous ayez besoin de jouer aux juges de paix ? La première étape étant de les isoler pour qu’ils recentrent leur crocodile. La seconde étape étant de lancer la « communication de potentiel à potentiel ». De quoi s’agit-il ? C’est un dialogue à 4 temps que les enfants entament, une fois leur colère tombée.
Ces 4 questions reviennent sur le conflit et aident à trouver son origine :
1. Qu’est-ce que j’ai vu ou entendu ?
Ils font en sorte de s’en tenir aux faits et de ne pas rentrer dans le jugement.
2. Qu’est-ce que je ressens ?
Et non « qu’est-ce que je pense ». Les enfants expriment leur ressenti sans accuser personne en s’appuyant sur un véritable sentiment.
3. De quoi ai-je besoin ?
4. Qu’elle est ma demande ?
Pas un ordre, mais une phrase commençant par « est-ce que », pouvant laisser place au oui ou au non.
(Un exercice pour petits, mais que les grands peuvent emprunter !)
Nous avons maintenant fait le tour des conseils prodigués par Caroline Sost. Les plus sceptiques douteront peut être des bienfaits de ces méthodes. En faisons-en nous trop ? Y a-t-il un risque que l’enfant développe un sentiment de supériorité dans la cour d’école ? L’expérience de Caroline Sost parle pour elle.
« Il ne s’agit pas de dire à tout bout de champ aux enfants qu’ils sont géniaux. Nos encouragements se doivent d’être sincères et justes. »
Par ailleurs, l’enfant qui prend conscience de son potentiel a naturellement tendance à reconnaitre celui des autres. Souvenez-vous à ce propos du dernier ouvrage de Fabrice Midal: la vraie confiance en soi ce n’est pas de la vanité. Finalement, le savoir-être revient à cela : apprendre à s’aimer.
Source : Caroline Sost, « S’épanouir à l’école », éditions Robert Laffont, 2018
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