Le terrorisme : pourquoi et comment l’expliquer aux enfants
Publié le 17/09/2016, mis à jour le 05/11/2024
Parents couple
Le terrorisme : pourquoi et comment l’expliquer aux enfants
6 min de lecture
La vérité comme fondement de la communication avec les enfants
Aborder des sujets sensibles avec des enfants peut sembler délicat, voire risqué. Cependant, les enfants possèdent une sensibilité qui leur permet de recevoir des vérités, même inconfortables, sans nécessairement en être brisés. En réalité, leur capacité à entendre la vérité, lorsqu’elle est formulée avec soin, les aide à bâtir une compréhension plus authentique du monde.
Laisser les enfants dans l’ignorance de la réalité du terrorisme, par crainte de les perturber, peut leur causer plus de mal que de bien. Ils perçoivent souvent les vérités qui leur sont dissimulées, captent des fragments d’informations dans leur entourage, et développent une curiosité qui peut devenir angoissante en l’absence de réponses claires.
Adapter le message : des mots simples, un ton approprié
Les enfants peuvent comprendre la gravité de certains événements si on leur en parle avec des mots qu'ils peuvent appréhender. Il ne s’agit pas de leur raconter tous les détails sordides ni d’alourdir leur imaginaire, mais d’ajuster le message à leur niveau. Par exemple, parler du terrorisme en termes de violence extrême que certains choisissent d’exercer peut être une première approche. On peut ensuite expliquer que cela arrive rarement et que des mesures sont prises pour éviter ces situations.
Bien choisir les mots et le moment est fondamental pour ne pas engendrer d’angoisse, mais plutôt offrir un espace de compréhension. Dire la vérité aux enfants n'est pas une manière de leur imposer des réalités effrayantes, mais de respecter leur intelligence et leur capacité à réfléchir par eux-mêmes.
La protection des enfants : une illusion dans un monde hyperconnecté ?
Dans notre société où les informations circulent librement et rapidement, la violence s'invite dans la vie des enfants bien plus tôt qu'on ne le souhaiterait. Les jeux vidéo, le cinéma, et même les réseaux sociaux véhiculent des images de brutalité qui influencent leur perception de la réalité. Préserver les enfants de toute violence devient presque impossible, et l'édulcoration de la réalité peut sembler artificielle.
Plutôt que de chercher à les tenir éloignés des sujets difficiles, il est souvent plus judicieux de les préparer en douceur à comprendre que le monde est aussi composé d’événements tragiques. La brutalité des images auxquelles ils sont exposés peut ainsi être encadrée par des discussions ouvertes, où ils peuvent poser leurs questions, exprimer leurs craintes, et obtenir des réponses rassurantes.
Les contes : une première approche du bien et du mal
Les contes de fées comme ceux de Perrault, ou les récits des Mille et Une Nuits, incarnent souvent des histoires de confrontation entre le bien et le mal, entre la lumière et l’obscurité. Ce n'est pas par hasard qu’ils ont traversé les époques et conservent aujourd’hui une place importante dans notre culture. Ils exposent les enfants, dès leur jeune âge, à des histoires parfois cruelles, et leur permettent d’appréhender l’existence de la dualité humaine.
Ces récits montrent, sous une forme poétique ou imagée, que le bien et le mal existent, qu’ils peuvent cohabiter dans un même monde et même, parfois, dans une même personne. Par cette initiation douce à la réalité des conflits moraux, les contes permettent aux enfants de se familiariser avec les dilemmes éthiques, avant d’aborder des sujets comme le terrorisme dans toute leur complexité.
Expliquer le terrorisme aux enfants : un défi pédagogique
Le terrorisme est une forme de violence radicale, difficile à appréhender même pour les adultes. Cependant, aborder le sujet avec des enfants peut se faire sans sombrer dans la panique ou le sensationnalisme. Il s’agit de leur expliquer qu’il existe des personnes qui, sous l’emprise d’idées extrêmes, commettent des actes violents dans l'intention de semer la peur.
En expliquant ces motivations, on peut également souligner que ces actes, bien que choquants, sont le fait d'une minorité. Cette minorité ne représente pas l’ensemble des humains, et des personnes œuvrent quotidiennement pour maintenir la paix et la sécurité dans le monde. Ce contraste aide les enfants à percevoir le monde dans sa complexité sans sombrer dans une vision effrayante ou fataliste.
Le bien et le mal : une dualité présente en chacun de nous
L'existence du bien et du mal, loin d'être un simple concept manichéen, réside au cœur de l’expérience humaine. Les enfants doivent comprendre que tout être humain possède une part de lumière et d’ombre. La compréhension de cette dualité les aide à développer leur propre éthique, leur permettant de discerner les valeurs qu’ils souhaitent cultiver.
Expliquer la complexité des intentions humaines – que les actes violents ne sont pas toujours motivés par une volonté de nuire, mais peuvent aussi naître d’idéologies ou de désespoir – enrichit leur vision de la condition humaine. Cela peut éveiller leur sens critique et leur capacité à comprendre la diversité des motivations derrière les actions des autres.
La connaissance : un outil pour résister à l'ignorance et à la peur
Il est parfois tentant de préserver les enfants de certaines vérités, mais ce choix peut renforcer leur crainte de l'inconnu. L’ignorance engendre souvent des peurs plus grandes que les réalités, et expliquer les choses permet de briser ce cercle. En leur offrant des connaissances adaptées à leur âge, on les arme contre la peur et la désinformation.
Les enfants apprennent à regarder le monde avec lucidité, à discerner les informations qu’ils reçoivent, et à poser des questions pour aller au-delà des apparences. En cultivant leur esprit critique, on les prépare à faire face aux incertitudes de l’existence, sans jamais sombrer dans une vision du monde trop édulcorée ou trop sombre.
FAQ : Comment expliquer le terrorisme aux enfants
1. Pourquoi parler de terrorisme aux enfants ?
Parler de terrorisme aux enfants peut sembler difficile, mais c'est essentiel pour les aider à comprendre le monde dans lequel ils vivent. Ils sont souvent exposés à des fragments d’informations par leurs amis, les médias, ou les réseaux sociaux. Fournir une explication adaptée à leur âge permet de réduire leurs peurs et de répondre à leurs questions avec honnêteté et sensibilité.
2. À quel âge peut-on commencer à aborder le sujet du terrorisme ?
Il n'existe pas d'âge exact pour aborder le terrorisme. Cela dépend beaucoup de l'enfant, de sa maturité et de son contexte. Cependant, dès 7 ou 8 ans, certains enfants peuvent être capables de comprendre des explications simples sur le bien, le mal, et les raisons pour lesquelles des personnes commettent des actes violents.
3. Comment choisir les mots pour expliquer un sujet aussi sensible ?
Utilisez des mots simples et clairs, sans rentrer dans des détails violents. Par exemple, vous pouvez expliquer que certaines personnes choisissent de faire du mal pour attirer l’attention ou imposer leurs idées. Insistez sur le fait que ces actes sont rares et que la majorité des gens s’efforce de vivre en paix et de protéger les autres.
4. Comment répondre si mon enfant est effrayé par ce sujet ?
Si votre enfant exprime de la peur, rassurez-le en expliquant que des mesures de sécurité sont prises pour protéger tout le monde. Vous pouvez mentionner les efforts des forces de l’ordre, des gouvernements, et de la société pour éviter de tels incidents. Encouragez-le à poser des questions et prenez le temps de l'écouter pour apaiser ses inquiétudes.
5. Faut-il être totalement honnête ou édulcorer la réalité ?
L'honnêteté est essentielle, mais il n'est pas nécessaire d'entrer dans des détails terrifiants. Adapter le discours en fonction de l’âge et de la sensibilité de l’enfant est primordial. Une vérité simple, sans détails violents, est souvent plus efficace et moins anxiogène qu’une version édulcorée qui risquerait de semer le doute.
6. Quels sont les risques de ne pas aborder le sujet ?
Ne pas aborder le sujet du terrorisme peut entraîner des malentendus, des peurs irrationnelles ou un sentiment de trahison si l'enfant découvre des informations par d'autres sources. Les enfants perçoivent souvent ce qui leur est caché, ce qui peut accroître leur anxiété. Une explication franche, même brève, leur permettra de mieux comprendre la réalité.
7. Comment puis-je introduire le sujet sans l'effrayer ?
Une approche simple peut être d’aborder le concept de bien et de mal en utilisant des histoires ou des contes de fées, qui illustrent souvent des luttes entre ces deux concepts. Cela permet de familiariser l’enfant avec l’idée que certains individus choisissent des voies destructrices, tout en les rassurant sur la présence de personnes bienveillantes dans la société.
8. Que faire si mon enfant pose des questions très détaillées ?
Si votre enfant demande plus de détails, évaluez son niveau de compréhension et sa capacité à gérer l’information. Vous pouvez répondre honnêtement, mais en limitant les détails choquants. N’hésitez pas à lui dire que certaines informations peuvent être difficiles à comprendre à son âge, et que vous êtes là pour l’accompagner dans sa réflexion.
9. Peut-on utiliser les médias pour parler de ce sujet ?
Les médias peuvent être une source d’information, mais attention à la manière dont ils traitent les sujets violents, souvent de manière sensationnaliste. Préférez des supports éducatifs adaptés aux enfants, qui expliquent des sujets difficiles avec un ton modéré et sans images violentes. Vous pouvez également utiliser des documentaires ou livres destinés à la jeunesse.
10. Quelle est la différence entre une discussion éducative et une discussion anxiogène ?
Une discussion éducative donne des informations adaptées, rassure et respecte le niveau de compréhension de l’enfant. Une discussion anxiogène, au contraire, impose trop de détails violents ou un ton alarmiste. Le but est d’ouvrir un espace de dialogue, où l'enfant peut poser des questions et se sentir soutenu, plutôt que d’amplifier ses peurs.
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