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Publié le 23/03/2022, mis à jour le 24/07/2024
Connaissance de soi
Pourquoi et comment s’initier à l’écriture thérapeutique?
Qu’est-ce que l’écriture thérapeutique ?
A la question : « Mais pourquoi écrivez-vous ? », Saint John Perse, poète, écrivain et diplomate répondait « Pour mieux vivre ».
Nous pourrions ajouter pour ce qui est de l’écriture thérapeutique : « pour mieux guérir psychiquement ».
L’intérêt de l’écriture en tant qu’outil thérapeutique se trouve dans sa capacité à remettre du sens et de l’ordre au sein de notre chaos psychique.
Ce chaos psychique s’incarne très concrètement dans le récit mental désespérant et sombre que nous créons en réaction à la souffrance. Un récit dont il est très difficile de sortir sans prendre un recul salvateur.
Or, c’est ce qu’apporte l’écriture en nous mettant dans la position de témoin, en nous faisant regarder notre chaos d’un point de vue extérieur.
L’écriture thérapeutique nous amène à nommer et décrire nos émotions, en plus de nous aider à classer notre chaos psychique au moyen de textes et d’histoire.
Ce classement nous ouvre à une compréhension et une perspective nouvelles de notre situation, transforme notre récit intérieur et rend possible le retour à la paix psychique.
Nayla Chidiac, docteure en psychopathologie, psychologue clinicienne et experte de santé mentale à l’ONU, a grandement contribué à faire connaître l’écriture comme outil thérapeutique. Notamment à travers ses ateliers d’écriture thérapeutiques fondés à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), ses ouvrages et ses formations.
Dans son dernier ouvrage, « Les bienfaits de l’écriture, les bienfaits des mots » (Odile Jacob, 2022), Nayla Chidiac dévoile les effets, les bienfaits et la mise en pratique de l’écriture thérapeutique.
Quels sont les bienfaits et principes de l’écriture thérapeutique ?
Les possibilités et effets de l’écriture thérapeutique sont nombreux :
- Fixer et organiser ses idées.
- Aiguiser ses capacités de penser.
- Faire taire sa douleur sans l’étouffer.
- Créer une boussole.
- Penser et rassembler ce qui est épars.
- Combler le vide.
- Calmer le désespoir de façon non impulsive, mais construite.
- Se créer des consolations par l’intermédiaire d’histoires.
L’efficacité de l’écriture thérapeutique a été reconnue auprès de troubles mentaux tels que le stress post-traumatique, la dépression, les troubles de l’alimentation ou le trouble obsessionnel compulsif.
D’autres maux de l’âme peuvent également être soignés. Ecrire peut ainsi permettre de surmonter l’anxiété et le deuil, et de résoudre ses problèmes de communication, relationnels ou de mésestime de soi.
Ajoutons enfin que l’écriture est un outil préventif particulièrement efficace contre la maladie d’Alzheimer et toutes les autres maladies dégénératives du cerveau. En un mot, écrire permet d’entretenir la bonne forme de notre cerveau.
Afin que l’écriture thérapeutique s’avère efficace, deux principes se doivent d’être respectés.
D'une part, il est important de suivre les consignes. Effectivement, on pourrait se dire ici que le simple exercice d’écriture, comme la tenue d’un journal intime, pourrait produire les mêmes effets. Il n’en est rien, car l’écriture simple nous conduit vers certains dangers que sont la rumination et les répétitions sans élaboration.
Le second principe est de se tenir à l’écriture manuscrite. D’une part, notre « main pense », c’est par elle, le toucher et la création, que nous entrons en connexion avec le monde et l’autre.
D’autre part, au même titre que la méditation, l’écriture à la main permet de ralentir le flux des pensées et de retourner dans un calme intérieur, particulièrement précieux de nos jours.
Passons à la pratique, en commençant par les consignes et de premiers exercices simples à pratiquer.
Comment s’exercer à l’écriture thérapeutique ?
Consignes d’écriture thérapeutique
Il n’existe pas un exercice d’écriture thérapeutique mais plusieurs. Choisissez celui qui vous appelle, vous attire.
Attention, pour que l’exercice choisi ait un réel impact sur votre mieux-vivre, faites-le tous les jours (comme pour la méditation, on ne ressent les bienfaits qu’avec le temps) en suivant bien les consignes qui suivent :
- Fixez-vous un objectif : écrire chaque jour pendant un certain laps de temps (30min).
- Décidez à l'avance quand et où vous écrirez chaque jour. Soyez sûr d’être au calme.
- Ecrivez ce qui vous donne envie d'écrire en premier lieu, cela pourrait être votre première entrée dans votre journal.
- Lors de la seconde séance d’écriture, nommez le sujet que vous souhaitez traiter.
- Réfléchissez dessus, fermez les yeux, respirez à fond et concentrez-vous.
- Examinez vos pensées et vos sentiments, commencez à écrire et continuez à écrire.
- Prenez du temps pour vous-même - écrivez cinq à quinze minutes d’affilée ;
- Arrêtez « intelligemment » en relisant ce que vous avez écrit et en réfléchissant sur une ou deux phrases.
Pour ceux qui ont besoin d’inspiration ou d’idées d’écrits, en voici quelques-uns concoctés par Nayla Chidiac.
Exercices d’écriture thérapeutique
- Ecrivez sans vous arrêter 30min, autant de phrases que possible qui commence par « je me souviens »
- Ecrivez une page du journal intime d’un proche (votre grand-père) ou d’une célébrité réelle (Lady Gaga) ou fictive (Zeus).
- Imaginez un dialogue entre le silence et les secondes, une kalachnikov et une crème caramel, votre soeur (réelle ou imaginaire) et votre patron, Dieu et Marilyn Monroe, ou encore vos deux ex-conjoints.
Le but de ces deux exercices, en apparence saugrenue, est de laisser émerger la voix de votre inconscient, ainsi que les désirs et les tensions qui l’agitent.
- Ecrivez un texte ayant pour titre « Anatomie du chagrin ». Commencez par une description précise du chagrin, réel ou imaginaire. Faites des phrases simples et objectives à la façon d’un scientifique.
L’intérêt particulier de cet exercice est de transposer l’intime réel ou imaginé à l’écriture descriptive sans affect et épanchement. Elle permet une distance et une relativisation qui laisseront entrevoir une sortie.
Vous pouvez également changer le mot « chagrin » par « divorce », « échec » ou tout autre mot qui soit suffisamment chargé émotionnellement.
- Ecrivez une lettre de vous, enfant ou adolescent, à votre mère (père, frère etc.), ainsi que sa réponse.
Cette lettre est bien sûr un acte libératoire, qui permet d’écrire ce que l’on n’a pas su ou voulu dire à son parent. Par ailleurs, revenir à son état d’enfant ou d’ado permet une mise à distance ainsi qu’une possible catharsis.
Enfin, pour les plus ambitieux ou, tout simplement ceux qui souhaiteraient approfondir l’exercice, écrire son propre conte peut s’avérer très fructueux.
Comment s’initier au conte thérapeutique ?
Quel est l’intérêt d’écrire un conte ?
Le conte est un genre littéraire puissant, à la fois éloigné, mais également très proche de nous.
Eloigné parce que son monde féérique est éloigné du nôtre, mais au-delà de l’environnement, le conte s’avère être particulièrement proche de nous. En effet, le symbolisme des contes empreigne notre psychisme, autrement dit notre monde intérieur.
A ce titre, Freud s’appuyait sur les contes pour analyser les rêves de ses patients, comme on peut le lire dans son essai « L’interprétation des rêves ».
Tous les contes se ressemblent, dans le sens où ils sont tous un récit d'épreuves suivies de solutions à ces épreuves. Or, c’est le propre de nos vies. Affronter des épreuves et des (petits et gros) dragons et trouver les ressources pour s’en sortir.
Naturellement, il n’y a aucune limite dans les contes. Les solutions proposées sont infinies et quasi-magiques. Néanmoins, le symbolisme existe, et en créant notre propre conte, nous pouvons voir émerger des solutions pouvant être transposées dans le monde réel.
Consignes pour écrite votre conte
Pour écrire votre propre conte thérapeutique, les consignes de Nayla Chidiac sont les suivantes :
- Comment ? Le conte est un genre narratif mélangeant deux réalités posées : le récit imaginaire et la réflexion philosophique (nul besoin d'être philosophe ou de connaître la philosophie, il vous suffit de proposer une réflexion avec une situation finale). Grâce au récit imaginaire, vous aurez une réflexion sur l'Homme, sur sa condition : la morale présente est souvent là pour montrer les dérives du pouvoir, ses abus, le danger de tout fanatisme, les conflits, les mauvais sentiments...
- Qui ? Le ou les personnage(s) de votre conte sont fictifs, des héros qui se transformeront par les épreuves rencontrées au cours du déroulement du conte, au fur et à mesure de votre écriture. Écrire, décrire, inventer, fabriquer.
- Où ? Un lieu imaginaire et lointain.
- Quand ? Dans un temps qui n'est pas le vôtre mais avec des situations proches des vôtres.
- Quoi ? Jadis, il s’agissait du thème du mal. Vous pouvez prendre un thème qui vous rend la vie complexe et difficile, un thème nécessitant des aventures, des chemins de traverse, des solutions à trouver par l’imaginaire.
- Dernière consigne : n’oubliez pas de donner un titre à votre conte.
N’oubliez pas qu’en écriture thérapeutique, la quantité et la qualité du récit n’ont pas lieu d’être. La démarche consiste non pas à viser un prix littéraire, mais à « élucider le Soi ».
Ce qui importe donc ici est de se laisser aller à des associations d'idées, et à une rêverie qui nous ouvre des portes que nous n’aurions jamais pu franchir autrement.
Source : Nayla Chidiac, Les bienfaits de l’écriture, les bienfaits des mots, Odile Jacob, 2022
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