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Publié le 29/11/2023, mis à jour le 06/12/2023
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Voyage spirituel avec l’ayahuasca : des racines amazoniennes aux défis modernes
En quoi l’ayahuasca est-elle plus qu’une expérience psychédélique?
L’ayahuasca, emblème de l’Amazonie, est intimement liée à un kaléidoscope de cultures indigènes, allant des Shipibos-Conibos aux Quechuas Lamistas, incluant les Métis, Cashinahuas, Asháninkas et Yaguas.
Chacune de ces cultures a tissé sa propre relation avec cette plante, la transformant en un pont entre le monde physique et le spirituel.
S’étendant de la Colombie à l’Équateur, du Pérou au Brésil, l’ayahuasca a transcendé son cadre traditionnel, en particulier au Brésil, où elle est devenue le pilier de religions syncrétiques comme le Santo Daime et l’União do Vegetal. Ces communautés fusionnent l’ayahuasca avec le christianisme et des pratiques indigènes dans des cérémonies uniques.
Le nom “ayahuasca”, issu du quechua pour “la mort” (aya) et “l’ivresse” (huasca), illustre son double. Rôle. Elle est à la fois un outil de compréhension de la vie et un catalyseur de visions spirituelles.
Malgré son importance culturelle et l’attrait des Occidentaux en quête spirituelle, l’ayahuasca fait face à des défis, notamment des malentendus et des interdictions, comme en France. Ces problèmes sont exacerbés par un tourisme chamanique parfois préjudiciable, appelant à une approche plus respectueuse et consciencieuse.
C’est ce à quoi se sont engagé les auteurs de Ayahuasca, cérémonies, visions, soins: le chemin des plantes sacrées (éditions Trédaniel), François Demange et Jan Kounen.
Le premier, François Demange, est un guérisseur reconnu parmi les Shipibos et les Lakotas.
Le second, Jan Kounen, scénariste, réalisateur et écrivain engagé dans la voie spirituelle a réalisé plusieurs documentaires et films sur les chamanes.
Leurs travaux et expériences dans le contexte chamanique des Shipibos offrent un regard précieux sur ces pratiques ancestrales, permettant de mieux comment cette plante est perçue et utilisée par les guérisseurs shipibos.
Comment les Indiens shipibos perçoivent l’ayahuasca?
Un don précieux de la nature
L'ayahuasca se présente sous deux formes: une liane, la Banisteriopsis caapi, et un breuvage. Ce dernier est préparé en mélangeant la liane avec les feuilles de chacruna , créant ainsi une puissante décoction semblable à un café concentré. Ce mélange particulier active la DMT, un composant clé qui déclenche des visions. Cette activation orale est rendue possible grâce aux alcaloïdes inhibiteurs de la MAO présents dans la liane, préservant ainsi la DMT des enzymes gastriques et ouvrant la voie à des expériences transcendantales. Dans la perspective des peuples indigènes, l'ayahuasca n’est pas une drogue mais un don précieux de la nature. Elle est vue comme un moyen de tisser un dialogue avec le monde végétal et de s'engager sur un chemin de guérison. Chez les Shipibos-Conibos, elle est connue sous le nom de "nishi", une plante aux visions révélatrices, aidant à diagnostiquer et à guérir. Elle permet aux guérisseurs appelés aussi chamanes de visualiser l’état physique, psychologique et spirituel du patient. Sous l’effet de la plante, ils sont ainsi capables de «voir» un cancer du foie d’un participant-patient après avoir ingurgité l’ayahuasca. Le parcours pour devenir un chamane doté de cette perception unique, implique un engagement profond parsemé de diètes. Cette phase intensive d'apprentissage renforce la connexion avec la nature et affine la sensibilité nécessaire à l'interprétation des visions de l'ayahuasca. Les médecines traditionnelles, basées sur une connaissance approfondie des plantes médicinales, ne se limitent pas à leurs effets directs. Elles explorent également leurs interactions complexes et leurs modes de préparation spécifiques. Ces pratiques vont au-delà des remèdes physiques, offrant un accès à un monde "invisible", accessible via des états de conscience modifiés tels que la transe.Une amie aux multiples vertus
En établissant une connexion avec ces plantes médicinales, guérisseurs et participants entament un dialogue avec la nature. Cette interaction implique une relation émotionnelle et affective avec les plantes. Pour les peuples indigènes d'Amazonie, la nature est assimilée à une grand-mère. L'ayahuasca, au-delà de ses effets psychoactifs, est donc perçue par les peuples indigènes comme possédant une conscience et un esprit propres, capables d'influencer la guérison selon les intentions et les besoins internes des patients-participants. Pour se préparer au mieux aux cérémonies de l’ayahuasca, les participants apprennent d’abord à se lier émotionnellement à cette plante. Notamment via les diètes. L’objectif est d’enrichir leur conscience, d’affiner leur intuition pouvant les conduire à une compréhension plus intuitive et vibratoire du monde. Il existe plusieurs raisons de vouloir participer à une cérémonie de l’ayahuasca:- Établir des liens avec le sacré.
- Diagnostiquer des pathologies physiques.
- Guérir de maux psychiques. Les rituels de l’ayahuasca sont particulièrement pertinents pour se libérer de problèmes de mal-être, de dépression, d’addiction et résoudre des traumatisme.
- Explorer des perceptions nouvelles pour transformer notre relation à la vie et à nous-mêmes.
Comment se déroule une cérémonie de l’ayahuasca?
Prélude à la cérémonie d'ayahuasca
La cérémonie d’ayahuasca se déroule de nuit dans une maloca, une hutte traditionnelle péruvienne. Les participants-patients, entourant le chamane, se rassemblent en cercle. Chacun, selon ses intentions, décide de consommer l'ayahuasca ou non. Les consommateurs sont préparés par une diète spécifique, éliminant certains aliments pour maximiser les effets de la plante. Il est primordial d'informer le guérisseur de tout traitement médical en cours, notamment en raison des risques d'interaction avec les composants de l'ayahuasca, particulièrement les antidépresseurs ISRS ou les inhibiteurs de la MAO. Plus qu'un préparateur du breuvage, le guérisseur est un véritable maître de cérémonie. Sa première action étant de souffler dans une cigarette de mapacho (un tabac local), une pipe ou une bouteille de parfum pour invoquer des énergies bienveillantes, sécuriser l'espace et protéger les participants durant leur exploration. Le guérisseur peut également souffler dans le verre de breuvage d’une personne en particulier, de façon à lui apporter une énergie propre à ses besoins. Une fois que le guérisseur et les participants aient consommé le breuvage, la maloca s'immerge dans le noir et le silence. Les participants, assis ou allongés, entrent dans une phase d'attente méditative. Au bout de 5 à 40 min (cela dépend des individus), les effets de l’ayahuasca commencent à se manifester. Une accélération des pensées, des sensations d'engourdissement de la tête, des apparition de motifs lumineux derrière les paupières closes, des tremblements et des changements de température corporelle peuvent survenir et annoncer l’arrivée des visions et un état de conscience modifié. Il se peut aussi qu’aucun effet n’apparaisse et dans ce cas, il est possible de demander un nouveau verre d’ayahuasca auprès du chamane.Perceptions et transformations durant la cérémonie d'ayahuasca
Lors des cérémonies d'ayahuasca, le guérisseur shipibo, guidé par les effets de la plante, acquiert une perception accrue, lui permettant de comprendre l'état mental et physique des participants. Ces moments sont rythmés par les icaros, des chants harmonieux qui influencent l'expérience de l'ayahuasca, générant des visions variées et aidant à libérer les énergies négatives, tout en éveillant une prise de conscience chez chacun des participants. Le guérisseur utilise ces chants pour répondre aux visions qu'il perçoit, cherchant à transformer ces images en quelque chose de positif. Il y a une interaction directe entre ce qu'il voit et ce qu'il chante, ce qui influence l'expérience des participants. Il chante pour créer une harmonie, purifier l'espace et éloigner les influences négatives. Lorsque le participant est dans un état optimal, le guérisseur perçoit dans ses visions des lignes colorées et vibrantes, s'étendant au-delà du patient, jusqu'à la nature et le cosmos. Si, en revanche, le chamane perçoit des lignes brisées, signes de maladies ou d'émotions douloureuses, son chant visera à les réparer. L'ayahuasca est donc utilisée pour nettoyer et réorganiser notre corps et notre esprit. Elle est particulièrement utile contre les addictions, les comportements émotionnels négatifs et les conditionnements. Elle aide à établir une connexion plus saine avec soi-même, l’univers et la vie. Participer à une cérémonie d'ayahuasca est une expérience sérieuse. Elle peut être très intense, tant au niveau des visions que des sensations physiques. Il est important de se préparer correctement pour cette expérience, d’en comprendre également les limites, afin de profiter pleinement de ses bienfaits.Comment se préparer pour bien vivre une cérémonie de l’ayahuasca?
Préparer son esprit
Les effets de l'ayahuasca sont tout sauf anodins. C'est une expérience qui suscite des sensations fortes, émotionnelles et spirituelles, et qui demande une préparation sérieuse pour ceux qui envisagent de s'aventurer dans ce voyage intérieur.-
Confiance envers le guérisseur
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Patience
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L’ayahuasca ne fait pas tout
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L'intention
Interpréter et gérer l'expérience ayahuasca
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Gérer les expériences négatives
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Prudence dans vos interprétations
Source : Jan Kounen & François Demange, Ayahuasca, cérémonies, visions, soins: le chemin des plantes sacrées, Guy Trédaniel, 2023
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