Mais d’où vient-elle exactement? De quel penseur et de quelle théorie est-elle l’héritière?
De plusieurs, dont l’un des plus importants est Wallace D. Wattles, l’auteur de La science de l’enrichissement.
Ce que nous savons de l’histoire de Wattles est assez mince.
L’homme est né en 1860, au lendemain de la guerre civile américaine. Agriculteur de son état, il vécut une grande partie de sa vie dans la précarité jusqu’à la découverte de la science de l’enrichissement.
Il devint riche, décida de partager sa théorie et décéda en 1911, l’année qui suivit la publication de son livre.
L’ouvrage abordé ici a donc plus d’un siècle d’existence et l’intérêt que nous pouvons lui porter est double.
Au préalable, ce petit livre d’une centaine de pages est considéré en Outre-Atlantique comme une véritable Bible.
Il est aujourd’hui encore publié, et il est connu pour avoir inspiré l’immense best-seller de Napoleon Hill, Think and Grow Rich. Un ouvrage considéré comme un grand classique et qui fait d’Hill l’un des plus importants influenceurs du monde.
Outre cette influence, s’intéresser à la source d’Hill et de Byrne a un intérêt étymologiste. Le sens d’un mot est toujours plus éclairant quand on s’intéresse à sa racine. Il en va de même pour le sens d’une idée ou d’une théorie.
La science (au sens de la connaissance et non celui de la théorie scientifique) de l’enrichissement de Wattles n’est pas le produit de son vécu mais de ses lectures et de ses réflexions. Lesquelles s’inscrivent directement dans le courant de pensée spirituelle apparu au XIXème siècle, appelé La Nouvelle Pensée.
À son tour, Wattles devient une figure de la Nouvelle Pensée et reprend certains préceptes de Quimby pour construire sa science de l’enrichissement.
Cultiver l’état d’esprit créatif et reconnaissant
Wattles expose dans son ouvrage les 17 préceptes amenant à la réussite financière. Préceptes qui peuvent se résumer en trois grands axes: l’état d’esprit, la visualisation et la façon d’agir.
L’état d’esprit d’enrichissement se construit autour d’un paradigme précis, celui de la théorie moniste de l’univers issue de la pensée hindouiste.
La théorie moniste pense l’univers comme à la fois l’Un et le Tout. Elle expose également qu’il existe une substance unique, informe et intelligente à l’origine de toute chose matérielle.
Tout ce que nous voyons autour de nous est issu de cette substance (ou
énergie). Notre pensée et imagination étant de même nature qu’elle, elles peuvent interagir et créer ensemble. Toutes les réalisations et créations humaines seraient d’ailleurs le fruit de cette rencontre.
Mais pour que cette interaction soit féconde, il importe de vivre et de penser en accord avec la nature créatrice de cette substance.
Ce qui implique de renoncer à l’esprit de compétition. À savoir la
croyance que les places et les richesses sont limitées, et qu’il n’y a d’autres choix que de se battre pour les avoir.
L’esprit créatif, au contraire, stipule qu’elles sont illimitées puisque chacun a le droit d’avoir sa place au soleil.
Si par exemple, vous avez pour projet d’acquérir une maison et qu’une très belle demeure vous passe sous le nez, il n’est pas utile de se lamenter. Cette maison n’était pas pour vous et une bien meilleure
opportunité se présentera à vous.
Pour soutenir un état d’esprit créatif et se garder de l’esprit compétitif (ce qui n’est pas aisé), Wattles préconise le recours à
la gratitude.
«On ne peut rester sur le plan créateur qu’en s’unissant à l’intelligence informe par un sentiment profond et continu de gratitude.»
Visualiser efficacement
Cet état d’esprit compris, la seconde étape pour devenir riche est de visualiser ce que l’on désire posséder, faire ou devenir de façon très précise.
La précision de l’image mentale est importante. Sans cela, l’univers ne comprend pas votre demande.
«Il ne suffit pas d’éprouver le désir de voyager, de voir le monde, de vivre mieux, etc. Tout le monde partage ces désirs. Si vous deviez envoyer un télégramme à un ami, vous ne prendriez pas non plus des mots au hasard dans le dictionnaire. Vous enverriez une phrase cohérente qui a du sens.»
dixit Wattles.
Une fois que votre vision est totalement claire, ne la négligez jamais. Visualisez là aussi souvent que votre
temps libre vous le permet.
Ensuite, agissez en accord avec l’énergie créatrice.
Agir efficacement
Agir efficacement, en conformité avec la substance informe, implique plusieurs postures:
- Agissez comme si vous aviez déjà acquis ce que vous vouliez (statut, bien matériel, chiffre d’affaires etc.).
«Voyez les choses que vous désirez comme si elles étaient déjà tout le temps autour de vous. Imaginez-vous les possédant et les utilisant.»
- Traitez les collaborateurs, clients, fournisseurs et autres personnes de façon à ce qu’ils aient la conviction qu’ils soient gagnants avec vous.
Concrètement, cela signifie que le produit ou le service vendu doit avoir une valeur d’achat moindre que sa valeur d’usage.
- Suivez le flot des opportunités. Ne restez pas dans un secteur d’activité où le marché est saturé ou la demande nulle.
- N’attendez pas un changement d’environnement ou d’emploi pour agir. Maintenez la vision de votre travail souhaité tout en continuant à vous impliquer sérieusement dans votre emploi actuel.
Le désengagement n’est pas une posture qui amène à la réussite financière. En revanche, être capable de dépasser sa situation actuelle avec la conviction d’avancer vers l’activité souhaitée ouvre la porte aux opportunités.
- N’anticipez pas les futures opportunités ou la meilleure marche à suivre pour les saisir.
«Si vous agissez dans le moment présent, mais avec votre attention dans le futur, votre action sera celle d’un esprit divisé, et ne sera pas efficace. Soyez convaincu que l’opportunité viendra et que vous serez apte à y répondre.»
L’énoncé de ces postures est somme toute assez simple. Toutefois quelques recommandations s’imposent pour bien appliquer la science de l’enrichissement.
Quelles sont les recommandations pour bien appliquer la science de l’enrichissement?
L’esprit compétitif est tenace
Afin de comprendre et de maîtriser totalement la science de l’enrichissement, plusieurs points doivent être précisés:
- On ne devient pas riche en étant compétiteur. Un point de vue difficile à croire tant on connait des exemples contraires.
Loin de les ignorer, Wattles en donne une explication.
D’une part, il y a de grands compétiteurs. Ils sont tout simplement très bons, et leur richesse est le fruit de leurs compétences.
D’autre part, certains grands hommes d’affaires compétiteurs ont respecté (inconsciemment) l’esprit créatif. C’est le cas des industriels John Rockefeller et Andrew Carnegie, ainsi que du financier John P. Morgan. Les entreprises de chacun ont autant contribué à leur richesse personnelle qu’à l’amélioration de la vie d’un très grand nombre.
Anticiper les futurs obstacles, c’est à nouveau tomber dans l’esprit compétitif avec le sentiment que l’univers ne joue pas dans votre camp.
Ce qu’il se passe demain n’est pas votre affaire. Et quand cela arrivera, vous aurez les moyens d’y faire face. La science de l’enrichissement demande une certaine foi. Sans elle, rien ne se fait et tout nous entraîne à nourrir l’esprit compétiteur.
- Surveillez vos paroles et vos pensées.
Il est hors de question de parler de vos affaires ou de vous-mêmes sur un ton découragé. Les temps durs et les affaires incertaines n’existent que sur le plan de la compétition, pas celui de la création.
Quand bien même l’échec est possible, l’envisager ne ferait que réduire votre détermination.
La foi est non-négociable
- Ayez confiance en vos désirs, parce que «le désir de faire est la preuve que vous avez en vous le pouvoir de le faire».
Il est évident que l’on réussit mieux et plus vite dans une profession où nos compétences sont bien développées.
Mais sur le plan de la création,
toutes les reconversions professionnelles sont possibles. D’autant plus que selon Wattles, nous ne possédons pas un seul talent mais plusieurs. Nous concentrons généralement nos efforts sur un ou plusieurs talents, mais nous gardons intacts des rudiments de talents qui peuvent éclore à force de travail.
- Ne vous précipitez jamais. Agir dans l’urgence est le plus sûr moyen de se tromper. Et c’est, encore une fois, le signe que vous êtes dans l’esprit de compétition.
Si vous avez envie de quitter votre travail, ne soyez donc pas trop pressé d’en
changer.
Commencez par changer de posture en considérant que vous êtes déjà ailleurs, mais sans adopter un état d’esprit démissionnaire.
Après tout, vous vous êtes engagé en signant un contrat de travail. Votre conscience et votre dignité impliquent de respecter votre parole donnée. Exception faite des situations exceptionnelles où l’on se moque de vous.
Quoiqu’il en soit, en étant à la fois présent et déjà ailleurs, un poids s’allège, un
lâcher-prise s’opère automatiquement. Et assez paradoxalement, vos performances et votre qualité de vie au travail s’en trouvent améliorées.
Naturellement, dès qu’une opportunité apparaît et que vous sentez que c’est le bon moment, n’y réfléchissez pas à deux fois. Foncez.
La science de l’enrichissement de Wattles insiste sur l’importance de la foi et de l’éthique. Mais pas seulement.
Elle insiste également sur la
croyance en l’abondance et sur le bienfondé d’un regard heureux sur l’argent. Deux principes qui ne sont pas sans rappeler l’esprit d’enrichissement issu de la culture chinoise.
Comment la science de l’enrichissement fait-elle écho à l’esprit d’enrichissement chinois?
L’argent fait le bonheur
Concernant
notre rapport à l’argent et aux biens matériels, une pensée courante et assez largement partagée énonce qu’il n’est pas forcément besoin d’être riche pour
se sentir riche.
Ce à quoi Wattles répond:
«Quoi qu’on puisse dire des vertus de la pauvreté, il n’en demeure pas moins qu’il est impossible de s’épanouir complètement à moins d’être riche. En effet, pour développer l’esprit et le talent, il faut disposer de l’usage de nombreux biens. Et l’on ne peut avoir ces derniers que si l’on a de l’argent pour les acheter.»
Plus loin, il rajoute:
«Nous vivons pour trois motifs : le corps, l’esprit et l’âme. Aucun d’entre eux n’est meilleur ou plus sacré qu’un autre. Tous sont pareillement importants. Et aucun des trois – corps, esprit, âme – ne peut s’épanouir totalement si l’un des deux autres n’est pas vécu et ne s’exprime pas pleinement. Le but de toute vie est l’expansion.»
En résumé, l’argent est un puissant facteur de vitalité. Sur ce point, Wattles rejoint
la vision de la culture chinoise sur l’argent en affirmant que celui-ci fait le bonheur.
«(créatif) d’abondance vs l’esprit (compétitif) de pénurie
De même, l’opposition des esprits créatif et compétitif est un écho direct aux esprits d’abondance et de pénurie chinois.
Pour entretenir le bon état d’esprit, Wattles préconise la visualisation, la foi et
la gratitude. Les Chinois, eux, aiment à s’équiper d’objets appelés des attracteurs d’argent, des mémos leur rappelant leur objectif financier.
Enfin, Wattles rejoint encore la pensée chinoise quand il insiste sur le fait de ne jamais nourrir un esprit tourné vers la pénurie:
«On n’atteint jamais la santé en étudiant ou en pensant à la maladie. On n’encourage pas la vertu en étudiant le péché ou en pensant au péché. Et personne n’est jamais devenu riche en étudiant la pauvreté ou en pensant à la pauvreté. […]
Je ne dis pas que vous devriez être insensible ou cruel, [mais] mettez la pauvreté derrière vous, tout ce qui s’y rapporte et «réussissez». Enrichissez-vous, c’est la meilleure façon pour vous d’aider les pauvres.»
Un point de vue assurément inédit en France, un pays où nous pensons essentiellement trouver des solutions par l’étude assidue des origines des maux.
A l’échelle individuelle, c’est comme si nous recherchions un
mieux-être en nous focalisant uniquement sur les dessous d’un passé malheureux.
Pour aller vraiment mieux et s’épanouir, Wattles et les penseurs Chinois, nous invitent à opérer un changement à 180° en concentrant notre regard et notre énergie ailleurs.
Un ailleurs qui soit nourrit d’ambitions, de rêves et de jours meilleurs.
Source : Wallace D. Wattles, La science de l’enrichissement, Diateino, 2023