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Publié le 09/09/2020, mis à jour le 04/10/2024
Qualité de vie au travail
Pourquoi la philosophie est utile au bien-être au travail?
Pourquoi philosopher au bureau ?
Le mal-être lié au travail est un sujet maintenant bien connu de tous. Trois concepts suffisent à le résumer : le burn-out , l’épuisement physique et mental, le bore-out , l’ennui profond et le brown-out , la perte de sens au travail.
Pour éviter ces formes de mal-être, Adélaïde de Lastic, docteure en philosophie, conférencière et consultante, préconise de faire appel aux ressources de la philosophie.
Concept venu des Grecs Anciens, la philosophie signifie l’amour de la sagesse. Le sage étant celui dont l’idéal de vie est la recherche en conscience, puis l’incarnation et la préservation du vrai, du bon et du beau. Trois idées du même idéal.
Michel Foucault, dans les pas des Grecs, a développé le concept de l’esthétique de l’existence. L’idée est de faire de sa vie une belle vie, une œuvre d’art, et d’incarner les qualités que l’on trouve belles et admirables. Cela va être de mettre des fleurs dans sa maison pour la rendre plus agréable, ou se montrer souriant et généreux de son temps et de ses biens le plus possible (et sans que cela ne nous mette en galère!!!).
Un tel état d’esprit permet de se protéger du cynisme et de l’amertume. Mais pour y parvenir il faut d’abord pratiquer la philosophie. Ce qui requiert du recul, un esprit critique capable d’apprécier une situation sur plusieurs angles et de se poser des questions simples mais percutantes.
Connais-toi toi-même et ton entreprise
Comprendre où on est tombé
En premier lieu, et c’est l’évidence même, pour être sûr que l’entreprise nous convienne, il faut la connaître un minimum. Cela suppose de saisir sa raison d’être, sa stratégie, son fonctionnement, son histoire et ses valeurs.
Il ne suffit pas d’en prendre acte, il faut également le vérifier. Un philosophe ne prend jamais rien pour acquis. Il est donc nécessaire d’écouter et d’observer pour vérifier que les valeurs doivent aussi transparaître dans les actes. Si l’entreprise prône l’égalité entre ses collaborateurs mais que vous vous apercevez des signes discrets de discriminations, on est dans l’hypocrisie pure et simple.
Par ailleurs, une entreprise révèle beaucoup d’elle-même dans l’ambiance générale, ou plus techniquement dans ce qu’on appelle le climat éthique. Est-elle malsaine ou chaleureuse ? Y a-t-il des ragots de lycéens ou une solidarité palpable ? Une question essentielle au final parce que l’ambiance est l’un des critères essentiels du bien-être au travail.
Après examen de l’entreprise en elle-même, la seconde démarche est d’étudier notre lien avec elle et comprendre si on est à sa place.
Comprendre si on est à sa place
Comprendre et sentir si on est sa place c’est ni plus ni moins savoir si on est heureux d’aller travailler. Ce qui inclut à la fois une dimension affective, matérielle et de plus en plus, spirituelle. Par dimension spirituelle, il faut comprendre la recherche de sens pour s’accomplir et rendre ce monde un peu meilleur.
Cette dimension spirituelle est de plus en plus présente chez les jeunes (20-40 ans). Cette dimension apparait rarement pendant les études, mais très souvent après qu’on soit parvenu à un poste bien rémunéré, mais usant et au service d’une logique économique vorace. Il y a alors une remise en question, suivit d’une démission et d’une reconversion dans les métiers qui sont porteurs de sens (l’enseignement, la santé, le social, l’environnement etc.). Et ce, en dépit d’une rémunération moindre, mais qui peut être bienfaitrice. En faisant le choix de privilégier le spirituel au matériel, on se libère de l’emprise des possessions et de la comparaison sociale.
Comprendre si on est sa place, c’est au final être en cohérence avec ses aspirations et la réalité. Pour cela, il est nécessaire de bien connaître ses envies professionnelles et ses priorités.
La vraie liberté ce n’est pas de faire ce qu’on veut, mais de savoir qu’est-ce qu’on fait, pourquoi et comment (ce qui inclut les contraintes).
Il n’y a pas de liberté réelle sans pleine conscience.
S’étonner pour préserver le beau, le bien et le vrai
S’étonner pour rester éveiller
Pour un philosophe en herbe, apporter sa pierre à l’édifice de son entreprise, ce n’est pas seulement lui faire gagner de l’argent, c’est également veiller à en faire un endroit meilleur. Etant des êtres d’habitude et de résilience, nous sommes capables de nous adapter et de nous accommoder à des situations inconfortables ou dysfonctionnelles. La réflexion type étant : c’est ainsi et qu’est-ce que je peux y faire ?
Pour le philosophe, il n’y a pas de « c’est ainsi » qui tienne. On n’a pas à trouver normal quelque chose qui nous dérange ou choque, autrement dit quelque chose d’anormal. On doit s’en étonner, ce qui est différent de la critique gratuite et inutile.
Par exemple, si un manager parle de consignes claires et structurées, alors que ce sont des consignes rigides. Il y a un décalage entre les mots et les actes.
Si on parle d’autonomie alors que les collaborateurs se retrouvent seuls sans directives, il y a à nouveau un décalage entre les mots et les actes.
S’étonner pour progresser ensemble
« L’étonnement n’a pas pour but de détruire mais de faire progresser. L’étonnement comme la créativité demande de décaler son regard, de penser hors du bocal. »
L’étonnement nous sert à la fois pour nous permettre de rester attentif et curieux, mais il sert également l’entreprise en pointant là où on peut améliorer les pratiques. En revanche, il faut veiller à la justesse de ses mots et de ses actes.
Il y a un certain engagement quand on s’étonne et que l’on nomme les problèmes. En parole bien sûr, car cela demande un certain courage d’exprimer le fond de sa pensée. Mais aussi en actes. Après avoir nommé les problèmes, que faut-il faire ? Quelle est la posture la plus juste à prendre pour agir intelligemment ? S’éloigner ou contourner le problème parce qu’on n’a aucun moyen d’action ? Aller chercher du soutien auprès de ses collègues, du représentant du personnel ou encore du manager ?
Le management ou l’art de se gouverner soi-même
A propos du rôle du manager, Adélaïde de Lastic soulève un lièvre, à savoir qu’un management, même bienveillant, ne suffit pas à combler les inepties de l’entreprise.
« Le management n’est-il pas un niveau illusoire de l’organisation dont on pourrait déplorer l’inefficacité ? Une sorte de bouc émissaire ? Les collaborateurs doivent se sentir valorisés : mais est-ce seulement au niveau du management que cela se passe ? L’objet social de l’entreprise, les salaires, le lieu de travail et les moyens donnés pour faire son travail ne sont-ils pas aussi importants ? » La réponse est évidente.
Comment la philosophie peut aider un manager qui, à l’instar des autres, est soumis à plus de pression et moins de moyens ? En ayant bien conscience de son rôle.
A l’origine, le manager, c’est un gestionnaire d’équipe qui donne des ordres, contrôle le travail et sa bonne avancée. Aujourd’hui, son rôle est essentiellement humain. Il s’agit moins de diriger que d’inspirer, motiver et coordonner.
Au final, sa vraie mission est de l’ordre du relationnel. Le manager a le rôle d’un psy pour les autres mais en premier lieu pour lui. Il doit savoir se manager lui-même pour bien manager les autres. Ou disait-on chez les admirables Grecs, savoir se gouverner soi-même pour gouverner les autres.
N’oublions jamais que tout part de soi et que les autres sont souvent notre miroir .
Source : Adélaïde de Lastic, Petit GPS philosophique du bien-être au travail, InterEditions, 2020
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