Il existe différents types de jeûne évoqués par le philosophe et linguistique Gisbert Bölling, dans son ouvrage «Le Jeûne» (La Plage)
Du jeûne, nous n’en connaissons finalement que son aspect religieux (Yom Kippour, Carême, Ramadan) avec comme intention de purifier son corps et son âme. Ce qui n’a rien de ragoûtant à première vue.
Quand on se prive de nourriture, nous avons le ressenti de nous sacrifier, de nous imposer une souffrance. Et dans une société de plaisir et d’abondance, qui voudrait s’infliger cela?
Hormis les latinistes confirmés, nous avons oublié ce que signifie étymologiquement le mot «sacrifice». Il s’agit de faire le sacré.
Quand on se sacrifie, on fait donc du sacré pour soi. Pour nos ancêtres, il ne s’agissait donc pas de faire acte de pénitence, mais faire acte sain. Car, jeûner n’est pas se priver.
C’est même tout l’inverse, on ne s’apporte que ses vertus thérapeutiques qui sont multiples comme l’ont démontré les études scientifiques présentées.
L’une d’entre elle provient du Dr Yoshinori Nagumo, chirurgien au Japon spécialisé dans la santé du sein, et l’auteur de «L’art japonais du jeûne» (Médicis).
Comme nous le verrons à la fin, le jeûne japonais propose une pratique différente des autres formes de jeûne.
Quels sont les effets du jeûne sur la vitalité?
Trop manger tue
Quelle est la principale origine des maladies cardiovasculaires, maladies auto-immunes et des cancers? En grande partie le fait que nous mangeons trop et pas bien. Trop riche, trop sucré, trop salé. C’est beaucoup trop. Nous avons l’impression de juste apporter l’énergie qu’il faut à notre corps mais ce n’est pas le cas.
En réalité nous l’épuisons en imposant à notre appareil digestif un travail à la chaîne d’assimilation des aliments. Trop occupé à cet ouvrage, il n’a pas le temps de se consacrer à ses autres tâches. Cela inclut le nettoyage de l’organisme, l’élimination des cellules défectueuses, la stimulation de ses défenses pour protéger le système immunitaire, etc.
Or, que permet le jeûne ? Une autorestauration de notre organisme. Autrement dit, on lui laisse le champ libre pour aller lui-même puiser dans nos réserves. Afin de se nourrir bien sûr, mais aussi pour se nettoyer, se régénérer et se désintoxiquer. Et quand l’organisme peut enfin remplir toutes ses fonctions, notre santé s’en trouve grandement améliorée. Nous vivons mieux et restons jeunes plus longtemps. Ces connaissances sur les bienfaits du jeûne ne sont pas nouvelles.
Une expérience a été menée dans les années 1930 sur des animaux de laboratoire séparés en deux groupes. Le groupe A était abonné au régime sec mais équilibré et le groupe B était bien nourri avec un régime protéique (comme nous).
Le verdict est sans appel: le groupe A vécu jusqu’à 40 % plus longtemps que le groupe B.
Depuis cette expérience, d’autres furent menées avec des rats, des poissons, des mouches ou des araignées, et toutes donnèrent les mêmes conclusions. En mangeant moins mais mieux l’espérance de vie se rallonge de 30 à 40 %. Souvenez-vous des centenaires de l’île d’Okinawa , ils suivent une coutume locale nommée «hara hachi bun me» qui consiste à manger jusqu’à 80 % de sa faim.
Tous ces travaux sont repris et détaillés par le Dr Nagumo. Il apporte, par ailleurs, d’autres informations pour mieux comprendre les bienfaits du jeûne sur le corps.
La faim rend beau
Le Dr Nagumo décrit ce remue-ménage en trois scènes:
1. Dès que le ventre gargouille, cela signifie que le cerveau relâche les hormones de croissance. Celles-ci se pressent alors de brûler la graisse et de régénérer la peau et les membranes.
2. Au deuxième gargouillement, apparaissent les sirtuines, aussi appelées les gènes de la fontaine de Jouvence. Leur tâche est de réparer les cellules du corps. Une fois libérées, elles font l’inventaire de nos soixante billions de cellules et s’attachent à retaper celles qui sont endommagées. Non seulement ce process rallonge notre vie, mais il retarde également les signes de vieillissement. On reste plus jeune plus longtemps.
Ce qui paraît être un mécanisme de beauté est avant tout un mécanisme de survie. Le corps veut vivre le plus longtemps possible, et pour cela il actionne les gènes et hormones dont il a besoin.
3. Au troisième gargouillement du ventre apparait l’adiponectine. C’est à nouveau une hormone de croissance surnommée l’hormone de la longévité. Sécrétée à partir de la graisse, sa tâche est de régénérer nos vaisseaux sanguins. Là encore, ce process présente l’avantage de ralentir les signes de vieillissement et les risques d’athérosclérose.
L’avantage de pratiquer le jeûne est que l’adiponectine adopte un rythme plus intense. Elle se met régulièrement en action en nettoyant plus fréquemment les vaisseaux sanguins.
Il est à noter qu’en plus de la faim, le froid comme la douche froide aide le corps à fonctionner de façon optimale. Au détriment de notre confort, mais pas de notre bonne mine et bonne santé.
Quels sont les effets du jeûne sur la santé?
La régénération cellulaire
Un autre bienfait du jeûne et de sa fonction d’autorestauration est celui de la régénération cellulaire. Pour combattre des maladies graves comme les cancers, jeûner présente un avantage certain. Les cellules cancéreuses se nourrissent et s’entretiennent grâce au glucide que nous leur apportons via notre alimentation.
En les privant de glucide, les cellules cancéreuses régressent, voire même disparaissent. Ce qui n’est pas le cas des cellules saines, capables de se protéger même dans les circonstances les plus extrêmes.
Un exemple frappant sur l’efficacité thérapeutique du jeûne nous vient de l’expérience du médecin russe, G.P. Malachov. Celui-ci est intervenu auprès de personnes ayant subi de plein fouet la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Il prescrivit à ses patients un jeûne plus ou moins long et important en fonction de la gravité de leur état.
Il rapporte que comme le montrent les études pratiques, le rayonnement et les radios nucléotides disparaissent de l’organisme humain en seulement 12-14 jours de jeûne. Pour les cas les plus graves, il prescrivit une série de jeûnes sur une durée de deux ans afin que l’organisme soit totalement régénéré. Une alternative qui semble de loin plus confortable et bénéfique que la chimio.
Des répercussions direct très positif sur la santé
Naturel, peu coûteux et terriblement efficace, le jeûne comme méthode naturelle pour prévenir de nombreuses maladies mérite d’être pris au sérieux. Surtout dans une société où nous sommes cernés par toutes sortes de pollutions (l’air, la malbouffe, le tabac, l’alcool, etc.).
Néanmoins, une petite recommandation s’impose. Pratiquer le jeûne n’est pas sans danger, surtout au tout début. Effectivement, dès que l’organisme dispose d’un peu de temps libre, la première chose qu’il fait est de remettre en circulation les toxines pour les évacuer. Ce qui explique de possibles maux de tête dans les premiers temps.
Il y a toutefois un hic: si ces toxines sont trop nombreuses, les organes d’élimination peuvent se bloquer et l’organisme peut alors succomber au choc toxique. L’astuce étant alors de prendre un peu de jus de fruits ou de bouillon de légumes pour contrôler et freiner l’arrivée des toxines.
Jeûner n’est donc pas une pratique à mener seul et de façon aléatoire dans un premier temps. Il est d’ailleurs utile de connaître les différentes formes de jeûne pour mieux le pratiquer.
Quelles sont les différentes formes de jeûnes?
Les 4 types jeûnes
1. Le jeûne quotidien
Ce régime permet de prévenir les maladies dégénératives et de renforcer les défenses immunitaires naturelles. Il se compose d’un peu d’exercice physique (une marche de 30min), de boire beaucoup plus d’eau, de manger moins et mieux en ne grignotant plus et en laissant 12h de temps entre un petit déj généreux et le repas du soir.
2. Le jeûne hebdomadaire
C’est le jeûne intermittent. Il s’agit de pratiquer un jour de jeûne par semaine ou tous les 15 jours.
3. Le jeûne annuel
C’est un jeûne prolongé qui dure une semaine complète. Il permet d’éliminer les toxines accumulées en six mois ou deux ans.
4. Le jeûne thérapeutique
Une démarche qui se fait en clinique ou sous surveillance médicale et donne d’excellents résultats dans le cas de maladies chroniques concernant l’estomac, les intestins, les allergies, l’appareil locomoteur, l’hypertension et le diabète.
Récapitulons une dernière fois: pour garder un corps sain, rien de mieux qu’un jeûne quotidien ou hebdomadaire. En revanche pour corriger 30 années de mauvaises habitudes alimentaires, le jeûne annuel, voire thérapeutique, est la meilleure des formules pour détoxifier son corps et retrouver une énergie vitale oubliée!
La singularité du jeûne japonais
Le jeûne japonais pensé par le Dr Nagomo consiste à se nourrir d’un seul repas par jour. Ce repas est composé d’un plat et d’une soupe. Incontournable soupe miso oblige.
Pendant ce repas, tout est permis. A condition que cela soit équilibré et sain. Autrement dit, on favorise les aliments complets et le moins de plats industriels possibles.
Autre recommandation, pour être sûr de ne manquer d’aucun nutriment, il est recommandé de manger tous les aliments en entier.
Très concrètement, cela suppose de consommer les fruits et légumes avec la peau (après un rinçage pour se débarrasser des pesticides).
Jeûne japonais oblige, le poisson est au centre de l’alimentation. Pour les amateurs, il est donc préconisé d’acheter des petits poissons plutôt que des filets, et de les manger entiers (queue arrêtes et tête compris).
Hors cette particularité, la seconde difficulté du jeûne japonais est de pouvoir s’adapter. Il est difficile de passer de trois repas à un seul.
Le changement doit se faire en douceur en commençant par réduire les proportions des repas. L’astuce est de se procurer des petites assiettes et petits bols à remplir généreusement.
Puis passer de trois à deux repas, en se contentant d’un (ou deux) fruit le matin ou à la pause déjeuner. L’astuce étant de prendre un thé, un café, voire un verre de vin. Ces trois boissons contiennent du tannin qui bloquent l'absorption des aliments et procurent un sentiment de satiété.
Ceux dont l’estomac s’est bien adapté pourront au fil des semaines s’adapter au régime d’un plat et d’une soupe par jour.
Et pour bénéficier d’une formule 1 en guise d’organisme, le Dr Nagomo recommande de ne pas manquer les heures de sommeil comprises entre 22h et 2h.
Plus qu’un jeûne, le modèle japonais propose un vrai art de vivre.
Quel jeûne choisir?
La question finale est peut-être de comprendre quel jeûne procure de meilleurs bienfaits. A ce stade, on regrette l’absence de comparaison.
Pour autant, certains jeûnes sont plus adaptés que d’autres.
Ainsi, pour ce qui concerne le jeûne japonais, le Dr Nagumo explicite qu’il est bénéfique pour les personnes en surpoids, les hommes et les femmes ménopausées. En revanche, il est fortement déconseillé pour les femmes minces, les malades et particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants.
Pour le reste, il faut vous en remettre à votre instinct et rester à l’écoute de votre corps .
Sources: Yoshinori Nagumo, L’art japonais du jeûne, Médicis, 2022
Gisbert Bölling, Le Jeûne, Editions La Plage, 2004
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Coucou Anne Laure, de mon côté je suis plutôt une adepte du jeûne quotidien ou hebdomadaire que je trouve clairement plus accessible que la semaine de jeûne annuelle.
Ceci étant dit je testerais bien la semaine de jeune annuelle en mode retraite 🙂 je t’embrasse
Coucou Amal! As tu testé? C’est difficile quand meme non?
Bisous
Anne laure
Coucou Anne Laure, de mon côté je suis plutôt une adepte du jeûne quotidien ou hebdomadaire que je trouve clairement plus accessible que la semaine de jeûne annuelle.
Ceci étant dit je testerais bien la semaine de jeune annuelle en mode retraite 🙂 je t’embrasse