Dans Du côté de chez Swann, le narrateur éprouve une joie exaltante en sentant l’odeur de la madeleine imbibée de thé qu’il porte à ses lèvres. Cette odeur, en créant chez lui une émotion qui le ramène instantanément au souvenir lointain d’une enfance heureuse, symbolise l’emblématique madeleine de Proust…
Notre sens de l’olfaction est donc une machine à remonter le temps mais joue également un rôle clé dans le choix de nos décisions et de nos interactions sociales.
La mémoire olfactive
Le lien entre l’odeur et la mémoire est d’ailleurs si fort qu’un souvenir associé à un parfum dure trois fois plus longtemps qu’un souvenir visuel !
Les odeurs sont donc les gardiennes de notre passé et de nos émotions. Et c’est pourquoi elles jouent un rôle capital dans nos choix et nos interactions d’aujourd’hui.
A ce titre, il est intéressant de se demander pourquoi une odeur nous attire quand une autre nous révulse ? Et par quel mécanisme notre odorat peut-il influencer nos décisions ?
Il faut savoir que le nez possède sa propre intelligence, aidé d’une armée de 10 millions de neurones olfactifs dévoués aux traitements et à la reconnaissance des odeurs.
L'héritage des odeurs
En témoigne une expérience surprenante démontrant que des souris conditionnées à associer la douleur d’un choc électrique à l’odeur d’amande présentent ensuite une réaction de peur après la seule inhalation de l’amande.
Classique me direz-vous, c’est du conditionnement pavlovien ! Ce qui l’est moins, c’est que leurs descendants ont aussi hérité de cette angoisse sans n’avoir jamais été conditionnés !
Or, il s’avère qu’en science, ce qui est applicable à la souris l’est aussi pour l’homme dans l’écrasante majorité des cas.
Ainsi on observe chez l’humain des mécanismes automatiques, inconscients et vitaux hérités de nos ancêtres comme par exemple détecter l’odeur d’un aliment avarié ou celle d’un feu naissant pour ainsi déterminer une réponse rapide et efficace à notre survie.
Mais l’odorat a aussi sa part d’ombre. Il unit comme il divise car une même odeur peut susciter autant de sympathie que de haine. Celui qui sent « bon » inspire confiance alors que celui qui sent « mauvais » est dangereux et rejeté.
Et ce n’est pas toujours une question de déodorant, mais bien de conditionnement social et culturel !
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