Une croyance obstinée veut que le talent soit une prédisposition rare qui ne concerne que quelques élus que l’on nomme champions . Sauf qu’il n’en est rien selon Jean-Philippe Vaillant, coach et préparateur de joueurs de tennis et de golfeurs professionnels, dont la particularité est d’être également praticien de PNL et sophrologue.
Devenu un spécialiste de la performance sportive par le mental, il dispense ses connaissances auprès des entreprises pour leur dévoiler le secret des champions. Connaissances qu’il partage dans son ouvrage « Tennis. Pensez comme un champion. Mode d’emploi pour gagner » aux éditions amphora.
Selon l’expérience de Jean-Philippe Vaillant, que l’on soit un athlète, un artiste, un chef d’entreprise ou un médecin, il constate que « les personnes qui réussissent dans leur activité ont des modes de pensée très comparables pour atteindre l’excellence. » Le champion ne détient donc aucune technique secrète propre à son activité. Ce qui le différencie du bon joueur est donc son mental qu’il a longtemps entraîné pour être capable de maîtriser son stress et ses émotions.
Pourquoi la préparation mentale est si importante ?
Qu’est ce qui est à l’origine de l’échec ? Bien souvent deux cas de figure : ou nous ne maîtrisons pas notre sujet et notre technique, et dans ce cas l’échec est inévitable. Ou alors nous n’arrivons pas à gérer notre état psychologique et émotionnel pour un certain nombre de raisons comme la pression, le manque de confiance en soimais aussi le manque de concentration.
C’est pourquoi la préparation mentale est aussi importante. Son « objectif est de poser les bases d’un équilibre entre corps, esprit, émotions, technique et tactique afin que vous deveniez capable de « convoquer la zone », votre état de performance quasi optimale sur commande ».
Comment entrer dans la zone des champions ?
Comment convoquer la zone des champions ? En se mettant dans le bon état d’esprit et pour ce faire, 3 conditions sont nécessaires.
Les 3 conditions pour convoquer la zone
Le défi
Se challenger est la première condition à remplir pour pouvoir convoquer la zone des champions. Sans cela, nous restons dans notre zone de confort, et les victoires sont fades. Si nous sommes nombreux à bouder les défis c’est parce qu’ils nous font envisager l’échec, la grande horreur de notre époque. Or, « Ne plus se donner le droit à l’erreur est une négation du jeu. […] Si la condition de la victoire est le bonheur, il est logique de penser qu’à l’inverse, la défaite n’apportera que le malheur. Dans ces conditions, aucun joueur au monde ne peut réussir à s’engager à 100 % dans l’action, condition essentielle à la performance. »
Bill Tilden, un immense joueur de tennis Américain de la première moitié du XXème siècle rappelle que l’échec fait partie du jeu :
Jouez au tennis sans craindre la défaite et parce que c’est amusant de jouer, ou alors ne jouez pas du tout ! Il n’y a pas de déshonneur à perdre. Les champions naissent des leçons qu’ils tirent de la défaite.
En règle générale, quand la peur de l’échec tétanise les individus, elle éclaire un manque de confiance en soi, la seconde condition pour convoquer la zone.
Un défi est une difficulté que l’on sait, ou que l’on se sent être capable de surmonter. Avoir confiance en ses propres capacités , est donc impératif. Et à ce titre, il faut savoir se raisonner quant aux défis que l’on se lance. Ils doivent nous demander de sortir le meilleur de nous, mais pas l’impossible. C’est cela la vraie humilité, qui est la capacité à sentir où sont nos limites et nos possibilités ; ce qui n’a rien à avoir avec le rabaissement ou le dénigrement de soi. L’humilité est nécessaire, car à partir du moment où un défi devient insurmontable, la confiance en pâtit directement.
Le plaisir
Les champions ne sont pas des masochistes. S’ils se lancent des défis, c’est parce qu’ils prennent leur pied et aiment ce qu’ils font. Le plaisir est donc essentiel, car sans nous forcer il nous permet d’être totalement concentré dans notre jeu de tennis, ou une autre activité.
C’est justement grâce à cette immersion, dans ces moments où nous sommes totalement dévoués à ce que nous faisons, que la zone apparaît.
Vous savez que vous êtes dans la zone quand…
Dès lors que nous sommes intéressés par les choses, nous portons naturellement notre attention sur ce qui nous intéresse. Mais quand nous sommes dans la zone, il se passe quelque chose de plus magique. Le temps n’existe plus, ce qui se passe autour de nous, nous ne l’entendons plus. Nous sommes comme dans un état second, où nous avons l’impression d’être à la fois acteur mais aussi spectateur de nos mouvements. Comme si notre corps, notre langue ou notre cerveau s’activaient par eux même et que nous perdions leur contrôle.
Jean-Philippe Vaillant rapporte que lorsque les joueurs de tennis sont dans la zone, ils ont l’impression que la raquette est le prolongement de leur bras. Comme s’ils ne faisaient plus qu’un avec les éléments. En clair, la zone des champions, c’est la zone du lâcher-prise, et nous sommes comme touchés par la grâce. C’est à ce moment-là que n’importe quelle activité, du tennis à la comptabilité, se transforme en art. Il n’est pas exagéré de dire que les champions sont des alchimistes.
Pour devenir nous aussi des alchimistes et sublimer notre potentiel , il n’y a donc plus qu’à muscler notre mental grâce à des exercices signés Jean-Philippe Vaillant.
Exercices de coaching mental pour optimiser ses performances
Exercice pour aiguiser sa conscience
Jean-Philippe Vaillant s’adresse à des joueurs professionnels, mais son exercice peut aussi bien s’appliquer à la vie de bureau où l’esprit de compétition est la règle : « Avant de rentrer sur le court, déposez au vestiaire tout ce que vous croyez savoir sur le tennis et sa technique puis :
Cessez de porter des jugements de valeur sur ce qui vous arrive. Le but est de constater pas de juger.
Pensez que le progrès passe par une conscience plus grande. Sentir les nuances, les différences.
Ne corrigez rien, constatez. Vous ne deviendrez conscient de vos gestes que si vous cessez d’essayer de les améliorer. Votre inconscient se chargera lui-même de corriger si vous lui fournissez suffisamment d’informations sensorielles. »
Exercice pour apprendre à gérer ses émotions
Comme dans n’importe quelle activité, il y a les échecs, les réussites et les subtilités. A savoir les échecs injustes où nous avons donné le meilleur de nous-même sans avoir récolté les fruits de notre effort. Et les victoires illégitimes où nous n’avons rien fait pour mériter nos lauriers. Comme si on nous avait volé notre moment d’expression de soi-même. La part de chance et de hasard nous échappe, et la réalité ne pourra jamais être contrôlée par notre volonté. Ce que nous pouvons gérer en revanche, ce sont nos émotions et les réactions qui s’en suivent.
Jean-Philippe Vaillant préconise comment réagir suite à 4 différents cas de figure :
En cas de bons points gagnés :
à savoir quand on gagne en jouant bien, on se laisse envahir par l’émotion positive : plaisir, fierté, satisfaction, etc. On visualise ensuite un contenu sensoriel et émotionnel suffisamment fort pour l’imprimer dans son inconscient.
En cas de mauvais points gagnés :
à savoir quand on gagne sans le mériter. Dans ces cas-là, il est inutile de se dénigrer. N’oubliez jamais qu’il y a toujours un facteur chance dans la réussite, et qu’il n’est pas vraiment poli et aimable de refuser les cadeaux de la Vie.
En cas de bons points perdus :
à savoir quand on perd alors qu’on a très bien joué. La Vie peut se montrer généreuse comme injuste. Dans tous les cas, perdre vos moyens en enrageant ne vous aidera pas. Respirez profondément pour évacuer la frustration et n’ayez jamais de regrets, vous avez fait de votre mieux. Au contraire même, félicitez vous-même, et passez à autre chose : vous jouez bien, alors tôt ou tard la roue tournera à votre avantage.
En cas de mauvais points perdus :
à savoir quand on perd à cause d’une faute qui est nôtre : une maladresse ou un manque de concentration par exemple. Les émotions qui suivent sont les plus compliquées à gérer. Jean-Philippe Vaillant préconise : « Ne vous flagellez pas pour autant, soyez neutre [et détaché par rapport à l’évènement]: « ah tiens c’est moi qui ai fait ça ? » « Tout le monde se plante, même Federer », « ça prouve que je suis humain ». Ensuite, refaites à blanc le geste que vous auriez aimé voir fait, visualisez la balle là où vous auriez aimé la voir aller, et passer à autre chose. »
Muscler son esprit comme son corps demande du temps et de la rigueur , alors ne lâchez rien. Et pour tenir dans le long terme, voici un dernier petit rappel : recentrez-vous sur l’essentiel : le plaisir de faire.
Source : Jean-Philippe Vaillant, « Tennis. Pensez comme un champion. Mode d’emploi pour gagner », Editions Amphora, 2008
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