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Publié le 27/09/2023, mis à jour le 01/02/2024
Connaissance de soi
Avoir peur du conflit ou oser le conflit, et pourquoi ?
Les conflits sont-ils seulement néfastes?
Un trouble à la paix intérieure caché derrière la peur du conflit
“Je n’aime pas les conflits” est une assertion que nous avons tous entendue ou peut-être même formulée nous-mêmes à plusieurs reprises.
Si nous faisons partie de cette catégorie de personnes pour lesquelles les conflits sont source d’inconfort (au mieux) et de stress (au pire), nous y répondons de trois façons différentes:
- L’évitement en faisant notre nécessaire pour les esquiver ou en nous réfugiant dans nos affaires quotidiennes quand ils ont lieu.
- La riposte vigoureuse et frontale pour mettre fin le plus rapidement possible à la confrontation.
- Le silence. Ne sachant comment gérer les conflits , nous sommes comme stupéfaits, incapables de savoir quoi dire ni quoi faire.
Ces différentes postures reflètent une claire aversion envers les conflits. Bien qu’ils fassent partie du quotidien, ils sont perçus comme une anomalie, un phénomène néfaste qui vient entacher notre paix intérieure.
Pourtant, selon Laurent Quivogne, l’auteur d’Oser le conflit, éviter la violence (Gereso), les conflits ne sont pas exclusivement une force néfaste.
Cet ancien ingénieur en informatique devenu chef d’entreprise pendant deux décennies, aujourd’hui conseiller auprès des entreprises pour la gestion des conflits, soutient que ces derniers sont même inhérents à notre réalisation personnelle et professionnelle.
Un chemin vers notre épanouissement
Laurent Quivogne nous éclaire sur le fait que le mot «entreprendre» trouve ses racines dans le terme latin ad gredior, qui signifie à la fois «agresser» et «aller vers».
Les deux termes semblent antagonistes car l’intention derrière chacun est foncièrement différente.
Cette distinction est pourtant une illusion, car quelle que soit notre intention lorsque nous entreprenons et formatons un projet, nous bousculons toujours le monde tel qu’il est.
Nous l’agressons parce que nous dérangeons l’ordre en place, ce qui génère forcément des conflits.
Par exemple, nous pourrions avoir pour projet d’ouvrir une librairie pour contribuer à nourrir l’esprit des habitants de notre quartier. Sauf que dans le même temps, nous dérangeons (et donc agressons) les autres libraires du quartier en devenant leur concurrent.
Par conséquent, un conflit est un perturbateur parce qu’il impulse une exigence de changement et d’adaptation.
Entendons-nous bien, le conflit n’a rien à voir avec une confrontation physique qui vise à anéantir l’adversaire. Oser le conflit n’est pas entrer en guerre. Il s’agit simplement d’exprimer sa voix, de poser sur table ce qui nous trouble ou ce qui nous paraît injuste.
Si, d’un point de vue intellectuel, le conflit est inévitable, naturel, voire bienvenu, reste à comprendre les raisons expliquant pourquoi nous n’osons pas entrer en conflit.
Pourquoi n’osons-nous pas entrer en conflit? Est-ce par peur du conflit ?
Les émotions envahissantes
Notre rapport aux conflits est profondément enraciné dans notre histoire personnelle, ce que Laurent Quivogne désigne comme les "oripeaux du passé". Si, au cours de notre enfance et de notre jeunesse, nous avons constamment été témoins de conflits marqués par l'agressivité, voire la violence, l'évitement ou le silence, il est inévitable que nous reproduisions des comportements similaires ou opposées. Selon Laurent Quivogne, pour arriver à changer son comportement, il faut plus que simplement comprendre son origine. La compréhension s’arrête, en effet, au niveau intellectuel. Nous comprenons que si nous agissons de telle manière, c’est parce que nous avons été conditionnés ainsi. Mais cela ne nous enjoint pas au changement. Le changement commence quand nous acceptons totalement notre comportement émotionnel négatif. Accepter n’est pas une posture passive. Elle implique la prise de conscience et la prise en charge de sa souffrance émotionnelle pour modifier son comportement. Car le changement est possible. Face à la souffrance émotionnelle, le conseil de Quivogne est le même que celui du Dr Stéphanie Hahusseau. Il faut aller à la rencontre de ses émotions via l'intéroception, c'est-à-dire se concentrer sur ses sensations corporelles suscitées par les émotions douloureuses. Plus nous devenons intimes avec nos émotions, mieux nous pouvons les anticiper et moins nous sommes submergées par elles. Car, au fond, là réside le problème des émotions. Elles nous désarment quand elles sont envahissantes, au point de faire pleurer. Or pleurer en public, cela n’est pas très bien vu. C’est un signe de faiblesse ou de conduite déplacée, ce qui est source de honte. Le conseil de Quivogne est de ne pas accorder de crédit à cette honte, car elle repose uniquement sur une mode, une culture. Autrefois, pleurer en public était la marque d’un cœur grand et noble.L’incertitude
La deuxième raison expliquant notre réticence au conflit est tout simplement l’incertitude. Nous sommes totalement ignorants des conséquences de notre engagement dans un conflit et nos prévisions envisagent presque toujours le pire. À savoir, la perte par la rupture des liens sous forme de licenciement, de divorce ou de séparation. Face à cette incertitude et à la tendance naturelle de notre imagination à envisager le pire, la raison froide doit être notre guide. Éviter d’aller au conflit car nous sommes incertains de son issue ne fait qu’entretenir l’incertitude dans la relation. Comment savoir si la personne en face de nous est capable de nous écouter et de nous respecter si nous n’osons pas l’affronter? En clair, comment savoir si nous sommes dans une relation sereine, confiante, forte ou si celle-ci est défectueuse?Les colériques
Nombreuses personnes qui n'ont pas peur d'entrer en conflit et pour qui, entrer en conflit n’est pas un problème. Mais entrer en conflit avec des personnes colériques, si. Notamment quand il s’agit de leur employeur ou supérieur. Ces personnes autoritaires au fort tempérament sont parfois appelées nos "dragons". Une image très appropriée, car sont des créatures impressionnantes, capables de cracher le feu, mais qui sont avant tout imaginaires. D'après l'expérience de Laurent Quivogne, les colériques et autoritaires sont souvent moins redoutables que ce que nous imaginons. Ce ne sont pas tous des pervers narcissiques manipulateurs, qui rappelons-le, ne représentent que 2 à 4 % de la population. En réalité, les colériques ont besoin de sentir que leur interlocuteur est une personne solide. Capable de leur résister, de leur dire ou de les recadrer lorsqu'ils sont incohérents. Et quand ils ne se sentent pas rassurés par leur interlocuteur, ils ont tendance à cracher davantage leur feu. Comprendre le comportement des colériques n’est pas le justifier. Leur incapacité à gérer leur stress et leur angoisse sont à la source de leur colère et démontre de larges lacunes en matière de savoir-être. Néanmoins, quand un colérique nous prend en grippe, cela signifie que nous aussi, nous avons besoin de faire un travail sur nous. Celui de consolider notre confiance en soi et notre sécurité intérieure. C’est là l’une des bonnes raisons qui justifie pourquoi il faut oser entrer en conflit.Quelles sont les bonnes raisons d’entrer en conflit?
Au fil de cette chronique, les bonnes raisons pour oser le conflit se sont esquissées plus ou moins directement:- Tout projet, toute entreprise génère des conflits et requiert donc notre capacité à les affronter.
- Comme mentionné au sujet de l’incertitude, le conflit agit comme un test essentiel pour nos relations.
- Oser les conflits est un moyen de faire la paix avec son passé. De se libérer définitivement des évènements passés qui nous hantent et façonnent notre perception des événements actuels.
- Oser le conflit est aussi un moyen de nourrir notre estime de soi. J'ai su réagir face à la situation tout en préservant ma dignité.
Comment se préparer à affronter les conflits?
La méthode du «monter au balcon»
Affronter le conflit suppose d’abord d’affronter notre tempête émotionnelle intérieure via une méthode appelée "monter au balcon". La finalité de cette approche réside dans la capacité à ne pas se laisser submerger par les émotions, à ne pas se laisser entraîner dans le tumulte de la situation. Dans la pratique, il s’agit d’apprendre à assez vite prendre du recul sur la situation grâce à deux réflexes:- Calmer le corps en s’éloignant ou en effectuant un exercice d’intéroception.
- Calmer l’esprit en dépassant son propre point de vue via la question «qu’est ce qui se passe entre nous?»
La méthode FCD : faits, conséquences et demandes
La seconde méthode vise à clarifier nos pensées et notre position en construisant un discours clair et précis en suivant une chronologie rigoureuse:- Les faits : décrire ce qui est en jeu et sur quoi nous et notre interlocuteur sommes d'accord.
- Les conséquences : expliquer comment cela nous affecte, pourquoi cela mérite d'être discuté.
- La demande : poser les bases d'une relation renouvelée que nous souhaitons entretenir avec l'autre.
Source: Laurent Quivogne, Oser le confit, éviter la violence, Gereso, 2023
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