Qu’est-ce que la règle des 5 secondes pour arrêter de procrastiner ?
Nous ne sommes jamais assez riches de règle, d’astuce ou de méthode pour arrêter de procrastiner.
La règle de Mélanie Robbins pour vaincre la procrastination, Mel pour le grand public, fait certainement partie des méthodes les plus simples.
Dans son ouvrage La règle des 5 secondes (J’ai lu), la conférencière, animatrice et commentatrice de la chaîne CNN, dévoile comment cette règle lui est apparue.
L’inspiration a lieu en 2009, année où Robbins a 41 ans et cumule les difficultés.
Sa carrière d’animatrice est au plus bas, l’entreprise de son époux rame engendrant fatalement stress et embûches financières. La bonne entente du couple et la vie familiale s’en trouvent impactées.
Durant cette période, Robbins vit un épisode dépressif où tout semble lourd et compliqué, y compris le fait de se lever de ce matin.
C’est au cours d’une de ces journées difficiles qu’apparaît à la télévision un lancement de fusée.
Si Robbins ne mentionne pas les circonstances de l’évènement, tout laisse à penser qu’il s’agit du décollage de la navette Atlantis, partie pour entretenir le télescope spatial Hubble.
Si Robbins ne retient rien de l’intérêt de ce décollage pour l’aventure spatiale, le fameux décompte avant lancement: «5, 4, 3, 2, 1, go!» provoque une révélation:
«Durant ces 5 secondes, mon cerveau m’a envoyé une série de directives très claires : « Regarde bien ce lancement de fusée. Ne laisse pas passer cette image. Ne laisse pas ta pensée t’empêcher d’agir. Éjecte-toi de ton lit comme une fusée demain matin.»
Dès lors, face à la nécessité de s’activer corrélée à l’absence totale d’envie, Robbins met son cerveau en mode off, décompte de 5 à 1 et se lance dans l’action.
Une règle trop simple pour être réelle?
Pas si sûre quand on étudie les raisons qui justifient son efficacité.
Comment cette règle agit sur le cerveau?
Face au manque de motivation, aux situations pénibles ou stressantes, ou au désir de changer d’habitudes, le cerveau agit bêtement.
Tout ce qui est pour lui incertain, stressant ou nouveau revient au même. Il l’interprète comme un danger extérieur, une anomalie et enclenche un processus d’hésitation contrariant l’action.
Le processus lancé, l’hésitation confirme ou envoie un signal de stress au cerveau, qui aussitôt passe en mode protection en nous poussant à l’inaction.
C’est ce qui explique pourquoi lorsqu’on hésite à aller à la salle de sport, il faut se faire violence pour ne pas s’écouter.
C’est ce qui explique aussi pourquoi, lorsque vous hésitez à appeler un client, vous repoussez cet appel au lendemain. Plus vous hésitez longtemps, plus vous avez de chance de reporter à demain.
La règle des 5 secondes a l’avantage de vous extraire de cet engrenage mental.
Dès lors que l’on sent une pointe d’hésitation montée en soit, la clé est d’arrêter net le début de ce bavardage mental en comptant à rebours jusqu’à 5.
Ce décompte correspond à un rituel de départ, une technique cognitive qui active le cortex préfrontal, la partie du cerveau en charge de la concentration et de l’action intentionnelle. Entre autres choses.
Ce rituel permet ainsi d’interrompre les schémas mentaux installés et d’en faire naître de nouveaux, plus constructifs.
Ce qui laisse entendre que cette petite règle peut produire de gros changements.
Pourquoi et comment s’approprier cette méthode et vaincre la procrastination?
La règle des 5 secondes combat la procrastination en nous donnant l’impulsion nécessaire pour passer à l’action.
A cet égard, son champ d’action est très large. Et au regard des nombreux témoignages recensés par Mel Robbins, cette règle peut être utilisée pour:
Un certain Bill, décidé à arrêter de boire a constaté qu’il obtenait des résultats étonnants grâce à la règle.
Ce témoignage est à prendre avec des pincettes. Face à l’alcoolisme, nous ne sommes pas tous égaux. Tout dépend de notre rapport à l’alcool et de notre niveau de dépendance (comportementale, psychologique, ou physique).
Quoiqu’il en soit, la règle des 5 secondes peut être une très bonne aide pour créer un changement de comportement durable.
Mais pour chaque méthode à transformer en habitude et réflexe, il faut d’abord l’apprivoiser en se commençant par se fixer des objectifs simples.
Voici quelques idées:
Avancez votre réveil de 20 minutes et sortez du lit au bout du décompte.
Pour les tâches fastidieuses (l’administration ou la session de sport), limitez votre temps d’action. Enclenchez le mouvement avec la règle et attelez-vous à la tâche le quart d’heure suivant, puis faites une pause. Si vous êtes lancé et que vous vous sentez bien, il est bien sûr inutile de vous arrêter.
Soyez opportuniste. A chaque fois que vous avez une chose à faire mais que vous vous sentez incertain, craintif ou émotif, testez la règle.
C’est ainsi que vous découvrirez si elle vous convient ou si vous avez besoin de l’ajuster.
La règle fonctionne-t-elle pour tout le monde pour combattre la procrastination?
Par retour d’expérience, le délai de 5 secondes semble convenir à une large majorité.
Pourtant, certains l’ont réajusté.
La clé est de trouver le bon timing. Celui qui soit suffisamment court pour qu’entre le moment de l’impulsion initiale et celui du passage à l’action, il n’y ait aucun espace pour le doute.
N’oublions pas que le cerveau est attentif à ce que nous conservions un maximum d’énergie, ce qui en fait un partisan du moindre effort.
Plus l’attente s’allonge, plus le besoin de faire s’amoindrit. Cette singularité cérébrale explique en partie comment notre cerveau nous pousse à détruire la planète. Ou plus exactement, comment il nous pousse à nous auto-détruire avec le reste du vivant.
De fait, en fonction de votre promptitude à cogiter ou de votre façon de décompter, la bonne solution peut être de réduire ce temps. La règle des 5 secondes peut devenir celle des 3 secondes.
Une autre variable d’ajustement peut être de préférer de compter en ordre ascendant (1,2,3,4,5) plutôt qu’en ordre descendant (5,4,3,2,1).
C’est une idée qui n’est pas sans risque, puisque que nous pourrions être tentés de compter jusqu’à 10, puis 20, puis 30 etc. Ce qui retarde le moment d’agir. Voire l’annihile.
Fondamentalement, cette règle n’en est qu’une parmi d’autres pour trouver une forme de courage et agir.
Vivre, surtout dans la société actuelle, est facile. Bien vivre l’est moins. Cela suppose souvent d’affronter ce que nous redoutons le plus au fond de nous. Mais c’est justement de cela dont nous avons besoin pour évoluer et nous épanouir.
Et si cette règle vous semble un peu trop simple pour sérieusement vous aider à changer, pensez à cette réflexion de Tolkien: «Le courage se trouve parfois dans des endroits inattendus.»
Source: Mel Robbins, La règle des 5 secondes, Leduc éditions, 2018
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