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Publié le 25/05/2022, mis à jour le 13/02/2024
Parents couple
Comment la parentalité nous aide à grandir?
Avant de parler de parentalité, qu’est-ce que grandir?
Et si la parentalité ne consistait pas seulement à « faire grandir », mais à grandir également grâce à son rôle ? Comment cet échange enfant-parent s’exprime et se vit ?
Le mot « grandir » comprend plusieurs sens et désigne donc plusieurs réalités :
- La croissance physique des enfants.
- Le fait de devenir adulte, autrement dit mature, responsable et autonome, apte à occuper une place et un rôle dans la société.
- Le fait d’augmenter en valeur et en importance. On parle ainsi des « grands de ce monde » ou d’entrer dans la « cour des grands ».
- Le fait, enfin, d’avancer et d’atteindre un niveau supérieur d’élévation en conscience et valeur morale et spirituelle. On sort grandi d’une épreuve en connaissance, aptitude et force intérieure.
D’une certaine manière, le développement personnel et la philosophie s’inscrivent totalement dans cette volonté de grandir en proposant appuis et ressources pour faire face aux souffrances existentielles et déployer ses potentiels.
La souffrance est ainsi un puissant marchepied pour grandir, à la condition impérieuse que nous y apportions du sens. Sans lui, elle est insupportable et fait ressortir ce qu’il y a de plus sombre en nous.
Mais, peut-être, existe-t-il de plus doux maîtres que la souffrance, et qu’ils sont précisément ceux que nous devons faire grandir en adultes responsables : les enfants.
Peut-être que l’éducation, au sens de l’élévation, se révèle être réciproque.
C’est ce que suggère Sébastien Henry, père de deux enfants qui, après quinze années d’expérience en management dont dix en Asie, s’est reconverti en coach et conférencier professionnel en entreprises. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages dont le récent « Comment les enfants nous aident à grandir » (La Martinière, 2022).
Comment justement ? Non pas en éducateurs mais en sources d’inspiration.
Parentalité et émotions :qu’est-ce que les enfants savent mieux faire que les adultes?
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Exprimer totalement ses émotions
Les réactions émotionnelles (joie, colère, tristesse) des enfants sont intenses parce qu’ils ne retiennent rien. Contrairement à nous, où socialement et culturellement nous sommes tenus de nous maîtriser.
S’il ne fait pas de doute qu’intensité et spontanéité sont déplacées dans certains cadres, reste que cette retenue l’est tout autant dans d’autres. Retenir ainsi une colère ou une tristesse pendant des décennies fait perdurer un mal-être qui peut s’étendre sur toute une vie.
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Être curieux
Le philosophe Italien Giacomo Leopardi note que :
« les enfants trouvent tout dans rien, les hommes ne trouvent rien dans tout. »
La connaissance, ou plus exactement la sensation de tout connaître et de savoir est souvent illusoire en plus de nous faire adopter un état d’esprit triste et terne. Observer les enfants observer eux-mêmes le monde et les prendre en exemple, c’est se préserver de cette grisaille.
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Imaginer et jouer
L’auteur Tom Hodkingson fustige le réflexe d’offrir une tonne de jouets aux enfants. L’un de ses motifs étant que cela les empêche d’imaginer leurs propres jeux, histoire et constructions et, ce faisant, de nourrir leur autonomie et créativité.
Souvent démuni pour ranimer ou stimuler sa créativité, l’adulte peut s’appuyer sur ses enfants en participant activement à leurs jeux.
D’une façon globale, s’inspirer des enfants dans ce qu’ils font de mieux que nous (vivre intensément, imaginer, jouer, s’étonner de tout), nous amène à non seulement être plus humbles, plus joyeux et potentiellement plus créatifs.
De façon assez paradoxale, les enfants rassemblent quelques qualités des grands sages de ce monde.
Les enfants sont-ils de grands sages qui s’ignorent? Pourquoi peuvent-ils inspirer la parentalité?
Est-ce que les enfants sont des sages ? La réponse est de facto non parce qu’ils n’ont ni leur connaissance ni leur expérience.
En revanche, ils en ont certains comportements, dont celui de savoir s’attacher et s’ouvrir au moment présent .
Pour rappel, le temps présent est celui de la conscience « consciente », celle qui nous rend attentifs et présents à la vie en mouvement, et surtout celle qui nous arrache à notre mental et ego. Ces deux-là (qui ne parlent souvent que d’une même voix) ne connaissent que deux temps : le passé (le temps des regrets et des remords) et le futur (le temps des angoisses et des peurs à venir).
Les enfants en sont doublement épargnés. Non seulement, ils sont trop jeunes pour avoir eu suffisamment d’expériences de vie, et surtout, avant l’âge de 6-8 ans, le temps n’existe pratiquement pas, d’où leur aisance à vivre l’instant présent.
Ce que les enfants font inconsciemment, nous, en tant qu’adultes, devons le faire de façon totalement consciente.
Si les enfants doivent donc nous aider à grandir en conscience, cette aide n’est ni intellectualisée ni comprise d’eux, ils agissent comme une sorte de mémo pour nous rappeler la meilleure façon de vivre.
Au même titre qu’être curieux et ouvert est naturel pour ces petits explorateurs du monde, pour nous cela demande un effort conscient.
Effort d’autant moins naturel que notre cerveau est à la fois émotionnel et économe en énergie comme l’ont démontré les neurosciences, notamment via les biais cognitifs. Ce qui ne veut pas dire qu’il est impossible, mais qu’il demande une prise de conscience réelle.
Cet effort est d’autant moins coûteux qu’il peut devenir une nouvelle habitude et nous aider à être plus heureux.
Cessons-nous un jour de grandir?
Il y a une sensation propre à l’âge adulte, qui est celle de la sensation d’aboutissement. Parce que nous avons accumulé un certain nombre d’expériences et de certitudes, et que nous avons réussi à faire « notre trou » dans la société, nous avons l’impression d’être abouti.
Ce qui va à l’encontre de la philosophie qui nous conseille plutôt de nous autoriser à rester des êtres incomplets et inaboutis, parce qu’ainsi nous rendons toujours possibles les remises en question, les prises de conscience, les nouvelles connaissances et donc la possibilité de grandir psychiquement.
En tant que parent, admettre que l’on n’est pas un être abouti permet de pouvoir mieux prendre conscience de ce qui se joue dans la relation avec notre enfant quand celle-ci s’avère pénible et houleuse.
A leur insu, les enfants appuient sur les blessures d’enfance de leurs parents, et si ces derniers restent dans le déni et l’inconscience de ce que ces conflits viennent réveiller en eux, ils leur transmettent leurs blessures. C’est systématique.
Sans connaissance, dont celle de devoir prendre soin de son enfant intérieur, n’est pas un « bon » parent qui veut.
On pourrait penser qu’il y a là quelque chose d’égoïste. Que nous sommes incapables de nous dépasser pour nos enfants. Ce sont de vieilles idées que la science a rendu obsolètes en nous apprenant que d’une part nous ne sommes pas des êtres rationnels, ou du moins beaucoup moins que nous ne le pensons. Et que le bonheur des enfants dépend directement du nôtre.
« Ce qui enchante un enfant, c’est le bonheur dans lequel il baigne, si vous souhaitez son bien-être, travaillez à vous rendre heureux » dixit Boris Cyrulnik.
Alors au boulot ?
Source : Sébastien Henry, Comment les enfants nous aident à grandir, éditions de La Martinière, 2022
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Publié le 25/05/2022, mis à jour le 13/02/2024